Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique ?
Cours de sciences économiques et sociales SES de terminale économique et sociale ES.
Croissance, fluctuation et crise.
Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique ?
Objectifs :
→ Expliquer le caractère variable de la croissance économique à travers l'observation des fluctuations économiques.
→ Expliquer que les fluctuations économiques se caractérisent par l’existence de périodes de crise.
→ Expliquer l'origine des fluctuations (chocs d’offre, chocs de demande, cycle du crédit).
→ Expliquer le lien entre les fluctuations économiques et la demande globale.
→ Expliquer le lien entre déflation, dépression économique et chômage de masse
Notions à connaître :
Acquis de première : inflation, chômage, demande globale.
Notions de terminale : Fluctuations économiques, Cycles économiques, Expansion, Crise économique, Récession, Dépression, Reprise, Chocs d'offre, Chocs de demande, Innovation (produit / procédé), Cycle du crédit, Désinflation, Déflation
Vous pouvez trouver ci-joint le dossier documentaire pour les élèves :
En 1929, les États-Unis sont touchés par une grave crise qui s’étend rapidement aux autres pays industrialisés. Mais cette crise n’est pas un cas isolé, comme l’illustre la dernière crise en date : la crise des Subprimes en 2007. La croissance n’est donc pas un phénomène régulier, il existe à court terme des fluctuations économiques.
I] Une croissance économique instable.
A) Un cycle économique comprend différentes phases
On parle d’un « trend » (tendance générale) croissant pour représenter la tendance à long terme de la croissance économique. Malgré cette tendance générale, il existe à court terme des fluctuations économiques. (objet de ce chapitre)
La croissance économique est soumise à des fluctuations économiques qui correspondent à l’ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération du rythme de la croissance économique, voire parfois de baisse du PIB.
Un cycle économique est une fluctuation économique qui revient avec une certaine régularité et une certaine périodicité. Chaque cycle est composé d’une phase ascendante (forte expansion ou forte croissance) et d’une phase descendante (faible expansion ou faible croissance économique, voire récession ou dépression). Un cycle comprend 4 phases (divisées en 6 « moments ») :
-
Expansion : période d’augmentation PIB sur le court terme.
-
Crise : deux sens :
sens strict : point de retournement à la baisse de l’activité économique ;
sens large : il désigne l'ensemble de la période au cours de laquelle l'activité est ralentie.
-
Récession : deux sens :
sens strict : période de deux trimestres consécutifs de baisse du PIB (décroissance),
sens large : période de baisse du taux de croissance du PIB (on parle aussi de ralentissement).
-
Dépression : Si la phase de récession se prolonge et s’aggrave de manière durable (au moins un an, on retiens souvent 3 ans). Il y a continuité dans la décroissance.
-
Reprise : Période d’augmentation du taux de croissance du PIB qui suit une période de ralentissement, récession ou dépression selon l'ampleur de la crise..
B) Une illustration : le XXème siècle, 100 ans de fluctuations et de crises.
On peut illustrer chacun des quatre moments d’un cycle à partir des données extraites du graphique.
-
Expansion : période d’augmentation du rythme de croissance du PIB sur le court terme. Exemple : après l’année 1985.
-
Crise : point de retournement et de baisse de l’activité économique. Exemples : premier choc pétrolier (1973), crise des Subprimes (2007).
-
Récession : Période de deux trimestres de baisse du taux de croissance du PIB. Exemples : 1975, 1993, 2010. On parle de « Grande récession » pour la crise des subprimes (référence à la « Great depression » de 1929 – 1933).
-
Reprise : Période d’augmentation du taux de croissance du PIB qui suit une période de récession. Exemple : après 1975, 2010.
La croissance économique n’est pas régulière : elle subit en permanence des variations appelées fluctuations économiques. Les fluctuations économiques sont des mouvements de hausse et de baisse de l’activité économique. Lorsque ces fluctuations sont récurrentes et qu’elles suivent régulièrement le même schéma, on parle de cycle économique.
Chaque cycle est constitué de quatre phases : expansion, crise, « récession » (ralentissement, récession, dépression), reprise.
Au cours de l’expansion, la production des entreprises, l’emploi, les prix et les revenus augmentent, et inversement au cours de la dépression ou de la récession. La crise économique correspond au moment de retournement du cycle. Sur le XXème siècle, les crises les plus connues sont la crise de 1929, les chocs pétroliers des années 1970 et enfin, la crise des Subprimes (2007).
II] Les explications des fluctuations économiques.
▲ rappel courbe d'offre, de demande, loi de l'offre et de la demande.
La demande :quantité d'un bien ou d'un service qu'un consommateur, ou l'ensemble des consommateurs, désire acheter sur un marché.
Loi de la demande : la demande est fonction décroissante du prix (la demande varie dans le sens inverse du prix) : si le prix augmente, la demande baisse / si le prix baisse, la demande augmente
L'offre : quantité d'un bien ou un service qu'une organisation productive ou l'ensemble des organisations productives désire vendre sur un marché.
Loi de l'offre : l’offre est fonction croissance du prix (l’offre varie dans le même sens que les prix) : si le prix augmente, l’offre augmente / si le prix baisse, l’offre baisse.
Prix et quantité d'équilibre : prix et quantité pour lesquels les quantités offertes et demandées sont égales et les agents économiques sont en accord avec le prix. Les échanges se font à ce prix pour ces quantités.
Si jamais l'offre est supérieur à la demande, ou inversement, comment revient-on à l’équilibre ?
Lorsque l'offre est supérieure à la demande, ajustement par une baisse des prix (et inversement) ; lorsque la demande est supérieure à l'offre, ajustement par une hausse des prix (et inversement).
A) Les chocs d'offre ont un effet sur la croissance économique.
1. Qu'est-ce qu'un choc d'offre ?
Un choc d'offre est un événement qui affecte directement les coûts de production ou les capacités productives des entreprises et qui modifie donc les quantités que les entreprises sont prêtes à offrir (ce qui fait se déplacer la courbe d'offre). Ils découlent notamment des variations de la productivité ou du prix des facteurs de production (capital et travail). Ils peuvent être positifs ou négatifs :
-
Les chocs d’offre positifs réduisent les coûts de production et stimulent donc l’offre : baisse du coût des moyens de production, augmentation des salaires inférieure aux gains de productivité, baisse de la fiscalité sur les entreprises, innovation de procédé…
-
Les chocs d’offre négatifs augmentent les coûts de production et freinent donc l’offre : augmentation du coût des moyens de production (exemple de chocs pétroliers), augmentation des salaires supérieure aux gains de productivité, hausse de la fiscalité sur les entreprises.
Ces chocs peuvent donc expliquer une partie des fluctuations de l’activité économique.
▲ Rappel offre globale :
L'offre globale (ou agrégée) c'est l'ensemble des biens et services offerts dans une économie nationale. C'est une fonction croissante des prix.
Offre globale = Y + M
-
Le PIB (Y) ;
-
Les importations (M) = la demande adressée à l'extérieur ;
-
Les prélèvements sur les stocks.
2. Quelles sont les conséquences d'un choc d'offre positif ?
On peut prendre l'exemple du taylorisme et de l'organisation scientifique du travail. La production est rendue plus efficace (gain de productivité). C'est une innovation de procédé. On produit autant avec moins de facteur travail (ou plus avec autant de facteur), ce qui permet de baisser les coûts de production.
Ainsi, le choc d'offre lié à la diffusion des méthode tayloristes a-t-il pu générer une expansion économique. En effet, un choc d'offre positif permet des gain de productivité (lien avec l'innovation de procédé et/ou de produit) ou baisse du prix des facteurs de production, ce qui entraîna une baisse des prix des biens et des services. Il y a donc une hausse de la consommation, une hausse de la production et une hausse du PIB.
▲Remarque : On voit cependant que lorsqu'un choc d'offre positif s’enclenche, il y a un lien avec la demande globale puisque la production doit trouver des débouchés. Par conséquent, la hausse de la production s'accompagne d'une hausse de la consommation.
Lors d'un choc d’offre positif, l'offre est plus abondante (passage de 00 à 01), il y a une augmentation des quantités produites (passage de Q0 à Q1) et une baisse du prix (passage de P0 à P1) Sur le schéma, on voit qu’un nouvel équilibre s’établit : l’équilibre se réalise pour un prix moindre mais une quantité échangée plus importante. Les chocs d’offre positifs, lorsqu'ils sont généralisés, conduisent à une hausse de la production, donc à une expansion ou une reprise.
3. Quelles sont les conséquences d'un choc d'offre négatif ?
Nous pouvons prendre l'exemple du choc pétrolier de 1973.Il s’agit d’un choc d’offre négatif. L’augmentation du prix de pétrole liée au choc pétrolier a provoqué une forte hausse des coûts de production des entreprises. Ces dernières ont donc été obligées de réduire leur offre.
▲Remarque : Ici aussi il y a un lien entre le choc d'offre et la demande globale → la hausse du prix des matière première (choc d'offre) se traduit ensuite par un choc de demande puisqu'elle affecte la consommation.
Lors d'un choc d'offre négatif, les quantités échangées sont moindres et les prix augmentent. La courbe d'offre passe de 01 à 02 ; il y a une baisse des quantités produites (passage de Q1 à Q2) et une hausse du prix (passage de P1 à P2). Sur le schéma, on voit qu’un nouvel équilibre s’établit : l’équilibre se réalise pour un prix plus élevé mais une quantité échangée plus faible. Un choc d'offre négatif augment le coût de production pour les entreprises, il y a donc une baisse des quantités produites et donc une hausse du prix. Les chocs d’offre négatifs, lorsqu'ils sont généralisés, conduisent à une baisse de la production, donc à une récession voire une dépression.
B) Les chocs de demande ont un effet sur la croissance économique.
1. Qu'est-ce qu'un choc de demande ?
Un choc de demande est un événement qui affectera les goûts, les besoins ou le pouvoir d'achat des consommateurs et qui modifie donc les quantités que les consommateurs sont prêt à demander (donc qui déplacera la courbe de demande). Ils peuvent être positifs ou négatifs :
-
Un choc de demande positif stimule la demande : augmentation du SMIC, des allocations chômage, des pensions de retraite, des salaires, innovation de produit…
-
Un choc de demande négatif fait diminuer la demande : hausse généralisée des prix, baisse des salaires…
▲ Rappel demande globale :
La demande globale (ou agrégée) est la demande de biens et services demandés dans une économie. C'est une fonction décroissante du niveau générale des prix.
La demande globale est composée de la demande intérieure (C + I + G) et de la demande extérieure ( X ).
Demande globale = C + I + G + X
-
La consommation finale privée désignée par C (consommation finale des ménages) ;
-
La FBCF des agents privés, désignée par I (entreprises, ménages, administrations privées) ;
-
L’ensemble des achats de biens et services effectués par le secteur public afin de procurer aux agents privés des services publics et consommations collectives, désigné par G ;
-
Les exportations (X) = la demande provenant de l'extérieur ;
-
Les mises en stocks.
Par conséquent, ce choc peut-être positif s'il stimule le demande globale ou négatif s'il la détériore.
PIB + Importations = C + G + FBCF + Exportations + Δ Stocks (+ ou -)
▲ Rappel : le solde extérieur (ou balance commercial) = X - M
On dit qu'il y a excèdent commercial ou que la balance commerciale est excédentaire, si les exportations sont supérieures aux importations. Le pays à un déficit commercial ou sa balance est déficitaire lorsque les importations sont supérieures aux exportations.
2. Quelles sont les conséquences d'un choc de demande positif ?
Le cas de la réunification allemande (entre l'Allemagne de l'Ouest et l'Allemagne de l'Est) illustre un choc de demande positif. La consommation des ménages, de l'investissement et des dépenses publiques a augmenté. Cela s'explique notamment par une anticipation d'une hausse de revenu.
Un choc d'offre positif conduit a une demande plus abondante (passage de D1 à D2), il y a une augmentation des quantités produites (passage de Q1 à Q2) et une hausse du prix (passage de P1 à P2). Sur le schéma, on voit qu’un nouvel équilibre s’établit : l’équilibre se réalise pour un prix plus élevé mais une quantité échangée plus importante. Le choc de demande positif conduit à une hausse de la demande globale et donc, à une hausse de la croissance : il y a alors reprise ou expansion.
▲Remarque : pour que les organisations productives puissent satisfaire la demande, il faut qu'elles soient en capacité de le faire (facteur capital et travail disponible, possibilité de financement).
3. Quelles sont les conséquences d'un choc de demande négatif ?
La restriction des échanges internationaux suite à la crise des Subprimes illustre un choc de demande négatif. Dans les pays cités, il y a un arrêt de la hausse de l'endettement qui entraîne une chute de la demande intérieure et donc un ralentissement de l'activité économique.
Pour les pays fortement exportateurs (comme le Japon et l'Allemagne), le recul du commerce international s'apparente à une contraction de la demande extérieure, ce qui produit un recul de l'activité économique.
On voit ici l'importance du crédit dans le financement de l'activité économique :
- l’État, qui s'endette pour financer les dépenses publiques (G)
- les entreprises, qui s'endettent pour financer leurs investissements (I)
- les ménages qui s'endettent pour la consommation et l'acquisition de logement (C + I)
L'endettement permet un financement de la demande globale (des ménages, entreprises et APU), d'où l'importance du crédit et de la sphère financière dans les fluctuations économiques.
Un choc de demande négatif se traduit par un demande plus faible (passage de D1 à D2), il y a une baisse des quantités produites (passage de Q1 à Q2) et une baisse du prix (passage de P1 à P2). Sur le schéma, on voit qu’un nouvel équilibre s’établit : l’équilibre se réalise pour un prix moins élevé mais une quantité échangée moins importante. Ainsi, une hausse des prix peut provoquer un choc de demande négatif qui, suit aux ajustements, provoque une baisse des prix. Le choc de demande négatif conduit à une baisse de la demande globale et donc, à une baisse de la croissance : il y a alors crise puis ralentissement, voire récession ou dépression. Un choc de demande négatif s'accompagne souvent de chômage (voir III] )
▲Les chocs peuvent être cumulatifs. Par exemple, lors du choc pétrolier de 1973, au choc d’offre induit par la hausse du prix du pétrole s’ajoute un choc de demande, lui aussi négatif, prenant la forme d’une réduction de la demande pour les produits nationaux.
4. Le rôle particulier de la demande globale dans l'évolution conjoncturelle.
▲ le document ci-dessous peut tomber en EC2.
Insee, comptes nationaux*
Exemple de lecture : en 2009, selon l’INSEE, le PIB a diminué de près de 3 %. La consommation des ménages et des administrations publiques contribue positivement à l'augmentation du PIB à hauteur de 1 point, tandis que les variations de stock, l'investissement privé et le solde extérieur y contribuent négativement à hauteur de – 4 points.
▲ Rappel de l'équilibre emploi-ressources : PIB + Importations = C + G + FBCF + Exportations + Δ Stocks (+ ou -)
Le solde extérieur (ou balance commercial) = X - M
L’élément le plus important le plus important de la demande globale (ou agrégée) c'est la consommation des ménages. La moitié de la croissance y semble consacré. En second, c'est l'investissement privé. On remarque que la demande publique (G) a un rôle important aussi.
C) L’explication des fluctuations par le cycle du crédit.
« Paradoxalement, c’est quand tout va bien et que la période est à l’euphorie que l’instabilité prend racine. » C'est ce que Minsky appelle le « paradoxe de la tranquillité » : en période d'expansion, les banques et apporteurs de fonds offrent des crédits, ce qui alimente la croissance. C'est dans les périodes prospères que se préparent les crises : le relâchement des conditions de prêt et le financement d’activités très risqués rend le système financier instable du fait d'une probabilité élevé de défaut des agents économiques. Lorsque les banques et apporteurs de fonds pensent que le retournement du cycle s’amorce, il y a une diminution drastique du crédit, donc du financement de l'activité économique. Cela aggrave le ralentissement voire la récession.
Le cycle du crédit est un cycle lié au comportement des banques et des apporteurs de capitaux qui relâchent leurs conditions d'octroi de crédit (financement d'activités plus risqués) en période d'expansion et qui les restreignent en période de récession. On dit que la finance, et plus généralement le financement de l'économie, est pro-cyclique : il y a une tendance à accompagner et amplifier les phases du cycles (exemple récent : crise des subprimes puis credit crunch : resserement du crédit).
En phase d’expansion, les banques et les apporteurs de capitaux ont moins de crainte de non remboursement des crédits et en accordent plus facilement, et à des agents plus risqués du fait d'une activité économique positive et des perspectives de profit. Grâce aux crédits accordés, les ménages consomment davantage, les entreprises investissent. Cela fait augmenter la demande globale, les entreprises produisent plus et la croissance économique s’accélère.
Lorsque la crise survient et que l'économie entre en phase de ralentissement de l’activité économique, les banques et apporteurs de capitaux ont plus de crainte, accordent moins de crédits, elle sont plus frileuses au risque. Les ménages consomment donc moins, les entreprises investissement moins. La demande globale baisse, les entreprises produisent moins et la récession s’amplifie.
▲erreur dans le schéma ralentissement de la croissance. 3éme diapo : ce n'est pas hausse mais baisse de la consommation et de l'investissement.
III] Une crise économique peut mener à la dépression, au chômage voir à la déflation.
A) De la récession à la dépression.
Comment la crise financière de 2007-2008 s’est-elle transmise à l’économie réelle ? Il y a eu deux mécanismes :
1) resserrement du crédit : les banques et apporteurs de fonds ont réduit l'offre de crédit et augmenté les taux d'intérêts.
2) il y a eu une perte de la valeur des actifs mobiliers (actions) et immobiliers, ce qui fait perdre de la richesse aux ménages. Ces derniers vont diminuer leur consommation (baisse du pouvoir d'achat) voire épargner davantage (→ voir TD propension moyenne et marginale à épargner / consommer).
Un actif est un élément du patrimoine, une propriété d’un agent économique (ménage, entreprise, etc.) ayant une valeur économique.
Une récession, si elle est durable (au moins un an), peut se transformer en dépression. La récession, ainsi que la dépression, peut s'accompagner de chômage. Le chômage est la situation des individus en âge de travailler qui sont privés d'emploi et qui en recherchent un. En effet, face à la baisse de l'activité économique, les entreprises investissement moins et produisent moins. Elle vont avoir tendance à arrêter d'embaucher, voir licencier, ce qui augmente le chômage (lorsqu'elles n'embauchent pas, cela créé aussi du chômage du fait des nouveaux entrants sur le marché du travail). On parle généralement de « Grande récession » pour la crise des subprimes (référence à la « Great depression » de 1929 – 1933). Difficulté des analystes à utiliser le mot dépression, notamment pour l'aspect négatif que cela entraîne (anxiogène). En 2009, en France, le taux de croissance du PIB est de – 2,9 % (données révisée de l'Insee).
B) La dépression peut s’accompagner de la déflation.
Pourquoi la grande dépression de 1929 a débouché sur une déflation ? Il y a eu une baisse des prix proposés par les entreprises qui devaient se fournir des liquidités et ne pouvaient en trouver auprès des banques (la moitié avaient fait faillite), une chute du pouvoir d'achat du fait de licenciements et une chute de la production. Par ailleurs, chute de la valeur des actifs à la bourse. Le manque de liquidité aboutit à une baisse des prix des produits et des actifs, ce qui amène la faillite car les entreprises ne peuvent plus couvrir leurs coûts, donc du chômage etc.
Ainsi, on ne peut pas dire qu'une baisse généralisé des prix est une bonne chose dans une économie car une baisse généralisé des prix est aussi une baisse généralisé des revenus : des travailleurs et des apporteurs de capitaux, ce qui vient diminuer la demande globale (C + I) et faire chuter la production, donc augmenter le chômage. C'est un cercle vicieux.
L'inflation, c'est la hausse généralisée du niveau des prix. La déflation, c'est la baisse continue et généralisée des prix. Il ne faut pas confondre avec la désinflation qui est la baisse du taux d'inflation (le niveau générale des prix augmente moins vite qu'à la période précédente).
Mathilde Damgé, « Le cercle infernal de la déflation en trois étapes », Le Monde, 4 août 2014
La déflation est une baisse généralisée des prix. Elle augmente le taux d'intérêt réel (taux d'intérêt réel = taux d'intérêt nominal – variation du niveau général des prix), donc le coût de l'emprunt, et donc la facilité à rembourser les dettes. Par ailleurs, l'augmentation du coût de l'emprunt diminue le pouvoir d'achat des ménages et les marges des entreprises (tout comme la baisse des prix) car cela augmente leur coût de production. Ces dernières compriment les salaires et investissent moins. Cela vient diminuer la demande globale ainsi que la production. Les agents anticipent une nouvelle baisse des prix, en reportant leur achat, ce qui comprime encore la demande et donc la croissance. Cela produit une nouvelle baisse des prix. C'est un cercle vicieux.
On nomme cela une spirale déflationniste qui est un phénomène économique. Une situation déflationniste engendre un cercle vicieux qui maintient ou accroît cette déflation. Dans une telle spirale, la baisse des prix mène à une réduction générale de la production (rappelons que l’offre est décroissante du prix), engendrant une baisse des salaires, un recul de la consommation, et donc de la demande, accroissant ainsi la baisse des prix.
Au XIXème siècle, les épisodes déflationnistes étaient assez fréquents. La crise de 1929 est caractérisée par une grande déflation. Entre 1929 et 1933 les prix ont baissé de :
-
32% en Grande Bretagne
-
34% en Allemagne
-
37% en Italie
-
38% en France
-
42% aux États Unis
Aujourd'hui, l'Union monétaire européenne est au bord de la déflation (on a déjà eu des trimestre de baisse généralisée des prix, mais pas des années).