Quelle est la place de l’Union européenne dans l’économie globale ?
Cours de sciences économiques et sociales SES de terminale économique et sociale ES.
Mondialisation, finance internationale et intégration européenne.
Quelle est la place de l'Union Européenne dans l'économie globale ?
Objectifs :
→ Expliquer les déterminants de l'intégration commerciale et monétaire européenne.
→ Expliquer que cette intégration est une expérience originale.
→ Expliquer que l'union monétaire a une importance particulière dans le contexte monétaire et financier international.
→ Expliquer que l'union monétaire renforce les interdépendances entre les politiques macroéconomiques des États membres.
→ Expliquer les difficultés de la coordination des politiques économiques dans l'Union européenne.
Notions à connaître :
Acquis de première : banque centrale, politique budgétaire, politique monétaire, politique conjoncturelle.
A acquérir en terminale : Intégration économique régionale, Zone de libre échange, Union douanière, Marché commun, Union économique et monétaire, Union politique, Euro, Taux directeur, Politique mixte (policy mix), Interdépendance économique, Critères de Maastricht, Pacte de stabilité et de croissances, Politique par la règle, Politique discrétionnaire, Convergence / Divergence, Dévaluation compétitive, Choc asymétrique
Vous pouvez trouver ci-joint le dossier documentaire pour les élèves :
Introduction : distinguer l'Union européenne de la zone euro.
https://www.touteleurope.eu/les-pays-membres-de-la-zone-euro.html
Il y a 19 pays dans la zone euro (l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, Chypre, l'Espagne, l'Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, l'Irlande, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, le Portugal, la Slovaquie et la Slovénie.), contre 27 pays dans l'Union européenne. Dans ce chapitre, nous allons voir à la fois l'Union européenne et la zone euro en rendant compte de l'intégration économique régionale de l'Europe C'est un processus par lequel des États s'associent pour créer un espace économique unifié, voire se dotent de politiques économiques communes.
Nos pays sont devenus trop petits pour le monde actuel, à l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure de l’Amérique et de la Russie d’aujourd’hui, de la Chine et de l’Inde de demain. L’unité des peuples européens, réunis dans les Etats-Unis d’Europe, est le moyen de relever leur niveau de vie et de maintenir la paix.
I] L'Union Européenne est une expérience d'intégration économique, monétaire et politique singulière.
A) L'Union européenne : un projet économique et politique.
Communauté Economique Européenne créée en 1958 : coopération économique de 6 pays : création d'un marché unique : but : développer les échanges (rappel : ouverture économique est source de gain à l'échange - Les individus peuvent consommer plus de biens et services et de manière plus diversifiée qu'en situation d'autarcie - et de croissance, voir chapitre précédent).
UE en 1993 : ouverture de nouveaux domaines, notamment politique : aide au développement, environnement, etc. Continuité dans l'intégration politique (Parlement européen est crée en 1962, pouvoir uniquement consultatif, élection directe en 1979 avec élargissement des prérogatives).
En usage dès 1999 pour les transactions financières européennes, il est mis en circulation le 1er janvier 2002 sous sa forme fiduciaire. Intégration monétaire.
Ce n'est donc pas qu'une union économiques (ex : Alena) mais aussi, en partie, une union politique (ex : poids de l'UE dans les instances internationales).
On remarque les buts politiques de l'Europe à travers la volonté de réduire les risques d'une nouvelle guerre européenne (théorie du doux commerce, Montesquieu) mais aussi dans la création d'institution politique supra-nationale (parlement européen, commission européenne, conseil européen).
Les pays de l'UE possèdent les attributs de l’Union douanière. L’adoption de l’euro suite au traité de Maastricht transforme la zone euro en union économique et monétaire. La zone euro est aujourd'hui une union économique et monétaire : c'est un ensemble économique constitué de différents pays qui se caractérise par un marché intérieur commun, donc pas d'obstacle aux échanges entre pays membres et protection commune envers les autres pays, la mise en place d’une monnaie commune et des politiques économiques concertées.
Cependant, l’union politique n’est pas réalisée dans la zone euro : les politiques économiques ne sont pas totalement unifiées.
B) La place de l'Union européenne dans l'économie mondiale.
L’Union Européenne est une expérience originale d’intégration car aucun pays n’est allé si loin dans l’intégration de leur économie sans qu’il y ait un État Fédéral.
Dans l’histoire de la construction européenne, les degrés d’intégration ne sont pas des étapes qui se succèdent linéairement comme dans le modèle de Balassa, mais des processus économiques et politiques qui s'entrecroisent. Cela s'explique d’une part par des facteurs économiques (chaque pas en avant vers l’intégration économique incite à franchir le pas suivant) et par des facteurs politiques (chaque crise de l’Europe donne lieu à un approfondissement de l’intégration rendu nécessaire pour sauvegarder le projet politique d’union européenne). La zone euro est aujourd'hui une union économique et monétaire : c'est un ensemble économique constitué de différents pays qui se caractérise par un marché intérieur commun, la mise en place d’une monnaie commune et des politiques économiques concertées.
L'intégration européenne se caractérise par une importance de l'UE dans le commerce international. Par ailleurs, l'UE réalise près de 23 % de la production mondiale : c'est donc la première puissance économique mondiale.
II] Les effets du marché unique européen et de l'union monétaire et économique de la zone euro.
A) Le marché commun permet une augmentation des échanges et la croissance économique.
Un marché commun est un marché où les biens, les services, les capitaux et les individus peuvent circuler librement au sein des pays membres. Les marché commun a des conséquences positives pour les entreprises et les ménages.
- Pour les entreprises :
- une augmentation de la taille du marché, et donc une baisse des coûts de production du fait des économies d'échelles : effet de dimension.
- elles peuvent recruter plus facilement des travailleurs aux qualifications adaptées (une entreprise française peut embaucher un commercial allemand pour faciliter ses exportations en Allemagne)
- un financement simplifié et moins coûteux pour les entreprises.
- Pour les ménages :
- et une diversité des biens et services permettant de satisfaire les consommateurs : effet de diversification.
- la concurrence européenne est globalement favorable au consommateur, baisse des prix : effet de concurrence.
- les travailleurs peuvent trouver plus facilement un emploi, en émigrant (un jeune diplômé espagnol qui ne trouve pas d'emploi en Espagne, où le chômage est élevé, peut émigrer en Allemagne, où le chômage est bas).
Notons que la mobilité du facteur travail est en réalité peu observée dans l’Union Européenne. Celle-ci a certes augmenté (mobilité des travailleurs entre la France et l’Angleterre ou entre la France et la Belgique ou le Luxembourg) mais reste limitée car de nombreuses barrières se dressent : la barrière de la langue, des barrières culturelles, des barrières en termes de niveaux de vie et de protection sociale freinent la mobilité du travail.
B) La monnaie unique permet de faciliter les échanges entre pays européens et de créer une monnaie internationale.
Une union économique et monétaire est un ensemble économique, constitué de différents pays, qui se caractérise par un marché intérieur commun, la mise en place d’une monnaie commune et des politiques économiques concertées.
L'euro est le nom de la monnaie commune et unique, créée en 1999 par le traité de Maastricht et utilisé à ce jour par dix-neuf Etats européens. Il permet :
- Disparition des coûts de change (les coûts de change sont ceux qu'il faut supporter quand on est amené à changer des monnaies entre elles : les intermédiaires financiers qui réalisent ces opérations de change se font normalement payer : environ 5% de la transaction.) : il n'y a plus qu'une monnaie et donc plus de commissions de change. Cela rend moins chère les marchandises importées, tant pour les consommateurs que pour les entreprises, et rend plus compétitives-prix les entreprises exportatrices. Cela conduit à une augmentation simultanée de l'offre et de la demande, ce qui est facteur de croissance
Il y a une disparition des incertitudes liées à la variation des taux de change. Ce type d'incertitude est supprimé avec l'euro : une même monnaie, donc pas d'inconnue sur les taux change, cela incite à l'investissement qui est facteur de croissance.
De plus, il y a une grande transparence sur les marchés : facilite la comparaison des prix entre les pays européens. Cela stimule la concurrence entre les entreprises des pays membres de la zone euro.
Par ailleurs, les États au sein de la zone euro ne peuvent pas effecteur de dévaluation compétitive visant à diminuer le taux de change d’une monnaie afin de faire en sorte que les produits des pays concernés soient mécaniquement moins coûteux pour les agents économiques des autres nations, dans le but de stimuler les exportations. L’objectif d’une telle politique est d’améliorer le solde de la balance commerciale du pays au détriment de celles des autres.
La création de l’euro avait pour principal but de parachever la création du marché unique et accroître ainsi le potentiel de croissance et ne visait pas à concurrencer le dollar. Néanmoins, l’euro est appelé à jouer un rôle international important, en raison du poids économique et commercial des pays qui l’ont adopté. L'euro permet de doter l'Europe d'une monnaie acceptée et utilisée dans le monde entier, à l'instar du dollar. Vis-à-vis des pays tiers (= hors zone euro), la confiance accordée à l'euro sera plus grande que la confiance accordée à chacune des monnaies nationales qui se sont réunies dans l'euro. Les entreprises européennes peuvent trouver plus facilement des capitaux, ce qui facilite le financement des entreprises européennes, donc l'investissement et la croissance. Depuis 1999, l’euro est devenue la deuxième monnaie la plus utilisée au plan international, derrière le dollar et devant le yen.
Le marché commun européen (marché unique) permet la libre circulation des biens et des services se traduit par une baisse des prix, une augmentation de la taille du marché, facteur d'économie d'échelle, une concurrence accrue entre les producteurs ce qui se traduit par des innovations, une diversité des biens pour les consommateurs et une baisse des prix (donc une hausse de leur pouvoir d'achat. La libre circulation des travailleurs aboutie à une meilleure allocation de la main d’œuvre, donc un chômage plus bas ; celle des capitaux à une meilleure allocation du capital, donc une plus grande possibilité de financement pour les entreprises et les ménages. Tout cela est source de croissance économique.
La monnaie unique a pour avantage de supprimer les coûts liés aux opérations de change, ainsi que les risques liés à une instabilité du change, et de permettre une meilleure comparaison entre les prix des différents pays (donc de stimuler la concurrence). Par ailleurs, l'’euro a réussi à devenir une monnaie internationale importante mais le dollar reste très largement la monnaie de référence (notamment pour les paiements au niveau international). Cependant, l’euro est une monnaie plus forte que chaque monnaie nationale, et permet aux différents membres de la zone euro de pouvoir intervenir dans le commerce international. L'union européenne et monétaire semble donc un aboutissement logique de la création du marché unique.
Tout cela stimule donc la concurrence et permet de faire converger les économies européennes puisque celles qui ont un niveau de vie moins élevé devraient être plus compétitives et donc devraient connaître une croissance économique plus forte et rattraper ainsi les économies les plus avancées de la zone.
III] L'intégration économique et monétaire européenne est incomplète et souffre de problème de coordination.
A) L'union économique et monétaire limite les politiques économiques des États membres.
La politique économique est l'ensemble des objectifs et des instruments par lesquels les pouvoirs publics cherchent à orienter l'économie. On s'intéresse ici aux politiques conjoncturelle qui sont liées à la fonction de stabilisation de l'activité économique : stabiliser le rythme de la croissance en favorisant la stabilité des prix, lutter contre le chômage et tendre vers l'équilibre de la balance commercial.
Les politiques monétaires sont caractérisée par l'action de la banque centrale sur la masse monétaire, notamment à travers la variation du taux d'intérêt directeur. Un taux directeur est le taux auquel les banques de second rang empruntent de la monnaie banque centrale auprès de la Banque Centrale. Il sert à « diriger » les taux d'intérêts que les banques de second rang appliquent aux agents économiques. La banque centrale est une institution publique, généralement indépendante des gouvernements, détenant le monopole de la régulation de la masse monétaire, qui est la quantité de monnaie en circulation dans une économie ou une zone monétaire.
Les politique budgétaires sont caractérisée par l'utilisation du budget de l’État, sur les dépenses et/ou les recettes pour relancer ou freiner l'activité économique.
La politique mixte (policy mix) est la combinaison de la politique budgétaire et monétaire dans le but de stabiliser l'économie.
1. La politique monétaire, gérée par la BCE, est commune aux États membres.
Depuis la mise en place la monnaie unique, les Etats-membres de la zone euro ont confié à une banque centrale commune, la BCE, leur politique monétaire. La BCE est indépendante, c’est-à-dire qu’elle n’est pas liée au pouvoir politique, elle ne peut pas recevoir d’instructions des gouvernements nationaux. La BCE a pour mission exclusive la lutte contre l'inflation, qui doit être autour de 2% dans la zone euro (non dans chaque pays). Cette mission – on dit « son mandat » – lui a été fixée par les traités européens. La Fed (Federal Reserve Bank), elle, a deux objectifs : maîtriser l'inflation mais également relancer la production pour soutenir l'emploi, lorsque c'est nécessaire.
Dans l'UE, la politique monétaire ne peut donc pas être utilisée pour mener des politiques de relance. C'est l'un des éléments qui explique la réussite de l'UE en matière de maîtrise de l'inflation, mais ses difficultés en matière de croissance et d'emploi.
Dans la zone euro, la politique monétaire ne peut pas être utilisée pour mener des politiques de relance. C'est l'un des éléments qui explique la réussite de la zone euro en matière de maîtrise de l'inflation, mais ses difficultés en matière de croissance et d'emploi. Cependant, l’uniformité de la politique monétaire produit un effet pervers : le renforcement des écarts de conjoncture par des taux d’intérêt réels d’autant plus élevés que les pays sont en ralentissement conjoncturel. La politique monétaire commune renforce l’interdépendance économique : les économies de plusieurs pays sont liées les unes aux autres, et une décision ou un événement dans un pays ou dans une partie du monde aura des conséquences sur les autres économies.
2. La politique budgétaire est autonome mais contrainte par le pacte de stabilité et de croissance.
Mis en vigueur à la création de l'Euro, le PSC (1997) est la suite des critères de Maastricht 1992). Lors de la création de l’union économique et monétaire, des critères de convergence des économies pour entrer dans l’UEM son mis en place : inflation faible et contenue (inférieure à 3,4 %), déficit public inférieure 3% du PIB, dette publique inférieure 60% du PIB.
Pourquoi ces règles ? Elles découlent de la monnaie unique. Dès lors que plusieurs États partagent la même monnaie, le comportement budgétaire des uns a un effet sur tous les autres. Dans une union monétaire, si un État s'endette beaucoup, cela a des conséquences pour lui – il doit payer des intérêts, qui pèsent sur ses finances publiques – mais cela a également des conséquences négatives pour les États qui partagent la même monnaie que lui : cela fait augmenter les taux d'intérêt libellés en euro pour tous les autres acteurs économiques, publics et privés de la zone euro.
Le Pacte de stabilité et de Croissance (1997) marque une limite dans les possibilité de mener une politique budgétaire de croissance. Engagement à respecter un déficit budgétaire à 3% du PIB et dette publique à 60% du PIB. Cependant, il est peu respecté, notamment depuis la crise de 2008.
Outre une différence importante dans les situations macroéconomiques des pays membres, l'Union Européenne a un budget commun très faible. Pour comparaison, le budget européen est en 2012, 25 fois plus faible que le budget fédéral des États Unis d'Amérique. Le budget européen représente 1,1% du PIB de l'UE, tandis que les dépenses publiques totales est États membres de la zone euro est de 50,8%. Si les États membres de l’UE ont dû renoncer à leur politique monétaire, ces derniers conservent leur autonomie en termes de politique budgétaire et le budget européen. La Faiblesse de ce budget rend difficile la lutte contre les crises économiques (pour mettre en place un plan de relance efficace au niveau européen : politique budgétaire expansive au niveau européen) et pour assurer le rattrapage des pays de l’UE en retard de développement (en termes de niveau de vie, de productivité, de compétitivité, etc.).
Les politiques budgétaires sont autonome, mais sont encadrées par le Pacte de stabilité et de Croissance (1997), qui est un engagement à respecter un déficit budgétaire à 3% du PIB et dette publique à 60% du PIB. Le PSC marque une limite dans les possibilité de mener une politique budgétaire de croissance pour les États membres.
Par ailleurs, la faiblesse du budget de l'UE (environ 1% du PIB de l'UE) limite très fortement la possibilité d'une politique budgétaire commune de l'UE ou de la zone euro, et donc la possibilité de mettre en place des politiques conjoncturelles de relance.
En matière de politique économique, on distingue souvent les politiques fondées sur l’application d’une règle (politique par la règle) que les décideurs se contentent d’appliquer et les politiques discrétionnaires (politique discrétionnaire) qui supposent que les décideurs prennent les décisions qui leur semblent adéquates dans un contexte économique changeant. Les économistes qui mettent l’accent sur l’instabilité endogène des économies de marché insistent sur la nécessité de mettre en œuvre des politiques discrétionnaires. A l’inverse, les économistes qui mettent l’accent sur le caractère autorégulateur du marché privilégient les politiques fondées sur des règles. L’architecture institutionnelle actuelle de l’UE comme de la zone euro s'inspire d'une politique par la règle. Voir notamment le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG).
B) Des difficultés de coordination face à la divergence des économiques européennes.
1. Les économies de l'union européenne divergent.
La création d'un marché commun stimule la concurrence et permet de faire converger les économies européennes puisque celles qui ont un niveau de vie moins élevé devraient être plus compétitives et donc devraient connaître une croissance économique plus forte et rattraper ainsi les économies les plus avancées de la zone.
Par ailleurs, pour pouvoir rentrer dans la zone euro, les pays devaient respecter les critères de convergence de Maastricht, et donc avoir des économies à peu près similaire en terme d'inflation et de respect des règles budgétaires.
Contrairement aux prédictions théoriques, on ne peut pas dire que les économies de la zone euro ont convergé. Par exemple le solde des finances publiques européen est de -3, » % : la Grèce à un déficit public de 12,4 % du PIB, les Pays-Bas 2,4 % soit 10 points de pourcentage en moins, l'endettement publique est de 177 % du PIB en Grèce contre 68 % pour les Pays-Bas, la Grèce est en déflation tandis que les Pays-Bas ont une inflation de 2,6 %. Le taux de chômage est de 27,5 % de la population active en Grèce, contre 7,3 % au Pays-Bas.
Alors que l'UE a été bâtie sur l'hypothèse d'une convergence des économies européennes, c'est l'inverse qui s'est produit. La convergence est le rapprochement des grands paramètres macroéconomiques : taux d'inflation, niveau des déficits publics, niveau d'endettement public, etc.
Cette convergence a été pensée à la fois en amont, comme un critère d'adhésion à l'UE, et plus encore à l'euro : pour qu'un pays soit admis comme membre de l'UEM, il faut qu'il respecte les « critères de convergence » de Maastricht. Par ailleurs, une fois admis dans l'UE, un pays est censé voir son économie marcher au même pas que celle de ses partenaires. Ainsi, la mobilité des personnes est censée lisser les taux de chômage dans les différents pays ; le marché intérieur est censé lisser les prix, donc les taux d'inflation dans les différents pays ; la monnaie unique est censée lisser les taux d'intérêt dans les différents pays, etc.
Cependant, nous sommes dans un contexte où les situations macroéconomiques sont extrêmement différentes en Europe. Cette disparité des situations crée des difficultés de coordination des politiques conjoncturelles : certains pays auraient besoin d'une politique de relance ; or la politique monétaire unique ne permet pas de le faire, ni les politiques budgétaires nationales.
2. Les politiques unilatérales peuvent renforcer les divergences.
Des pays de la zone euro, tel que l'Allemagne, peuvent adopter une politique de dévaluation compétitive. Cette politique de dévaluation compétitive (ou déflation salariale) consiste à diminuer le coût du travail (modération salariale et baisse de charge sociale, remplacé par la TVA) et donc le coût de production des entreprises allemandes afin de favoriser la compétitivité-prix des biens allemands face aux biens et/ou services produits par ses concurrents et notamment les entreprises françaises. Pour diminuer ses coûts de production et donc pour diminuer le coût du travail sans pour autant supprimer la protection sociale, l’Allemagne utilise la TVA.
On remarque que ce choix unilatéral des Allemands (réalisé sans coordination au niveau européen) a des répercussions sur le reste des États membres. En effet, les agents économiques des autres États membres seront incités à se procurer des produits allemands au détriment de produits domestiques puisque les produits allemands deviennent moins coûteux. Ce comportement entraîne donc une hausse des exportations allemandes et donc une hausse de l’activité en Allemagne au détriment de ses voisins européens (et en particulier la France) qui subissent le fait que l’Allemagne mène une politique de dévaluation compétitive.
3. L'UE et la zone euro souffrent de problème de coordination.
Comme nous avons vu, le budget de l'Union Européenne est très faible. La politique monétaire est autonome et -compte tenu des différences macroéconomiques des pays membres de la zone euro- n'aura pas les mêmes effets sur tout les pays membres de la zone euros. Rappelons que le policy mix représente l’ensemble des combinaisons possibles entre politiques budgétaires et monétaires dans le but de stabiliser l'économie. Il est complexe de réaliser un mixe des politiques monétaires et budgétaires en zone euro compte tenu de ces conditions.
De plus, il manque l’existence d’un réel sentiment d’appartenance commun, qui se caractériserait par de réelles institutions politiques, et qui serait nécessaire pour mettre en œuvre une telle solidarité budgétaire. Il n'existe pas vraiment de transfert budgétaire entre les pays européens. Il manque aussi une plus grande mobilité des travailleurs
Les économies européennes n'ont pas convergé ; elles ont au contraire été frappées par des chocs asymétriques, qui sont des chocs économiques qui ne touchent qu'une partie des économies de l'union européenne (par exemple, la France n'a pas le même taux de chômage que l'Allemagne), qui ont créé des situations économique très disparates.
Par ailleurs, la concurrence entre États membres au sein de l'UE peut donner lieu à des politiques non-coopérative. C'est le cas de la dévaluation salariale allemande, ou encore de la concurrence fiscale entre pays (Irlande, Luxembourg etc.).
L'UE a du mal à se coordonner pour faire face à l'hétérogénéité des situations économiques : la politique monétaire est unique, donc inadaptée aux chocs asymétriques. Quant aux politiques budgétaires, elles sont compromises par le pacte de stabilité et de croissance et très faiblement coordonnées entre les pays. Tout cela conduit à un manque d’efficacité de la politique économique.
Dès lors une question essentielle est en débat, celle de la mise en place d’un gouvernement économique de la zone euro qui suppose à la fois une redéfinition des objectifs de la BCE et un fédéralisme budgétaire accru.
C'est l'arrière-plan du débat européen : certains (économistes et politiques) considèrent que pour sortir de la situation actuelle, les États endettés doivent revenir dans les clous des règles budgétaires, et s'imposer une cure d'austérité (c'est la position de l'Allemagne face à la Grèce). C'est donc une politique par la règle qui est préconisé.
D'autres considèrent que l'UE doit se doter d'instruments permettant de venir en aide à tout les États, notamment ceux en difficulté. Qu'il faut continuer l'intégration tant en terme politique (renforcement vers le fédéralisme) qu'économique (création d'un budget commun conséquent, adoption d'une politique budgétaire commune, lutte contre les politiques non-coopérative). C'est donc une politique discrétionnaire qui est préconisée.
Face à ces enjeux, une troisième voix se fait entendre : certains politique (mais aucun économiste) plaident pour une sortie de l'euro, en espérant pouvoir obtenir un retour à un simple marché unique.