Comment lutter contre le chômage ?

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Spécialité Sciences Économiques et Sociales SES en classe de terminale

Comment lutter contre le chômage?

Objectifs :

Savoir définir le chômage et le sous-emploi et connaître les indicateurs de taux de chômage et de taux d’emploi.

Comprendre que les problèmes d’appariements (frictions, inadéquations spatiales et de qualification) et les asymétries d’information (salaire d’efficience) sont des sources de chômage structurel.

Comprendre les effets (positifs ou négatifs) des institutions sur le chômage structurel (notamment salaire minimum et règles de protection de l’emploi).

Comprendre les effets des fluctuations de l’activité économique sur le chômage conjoncturel.

Connaître les principales politiques mises en œuvre pour lutter contre le chômage : politiques macroéconomiques de soutien de la demande globale, politiques d’allègement du coût du travail, politiques de formation et politiques de flexibilisation pour lutter contre les rigidités du marché du travail.

Notions à connaître : Acquis de première et seconde : chômage, productivité, demande globale, politique monétaire, politique budgétaire. 

A acquérir en terminale : chômagesous-emploihalo du chômagetaux de chômagetaux d’emploichômage keynésienl'institutionnalisation de la relation salarialechômage structurelchômage conjoncturelsalaire minimuminstitutionschômage classiqueprotection de l’emploipolitique de relancedemande globaleflexibilisation du marché du travailrigidité du marché du travail

I] Qu’est ce que le chômage et comment le mesure-t-on ?

A) Le chômages est définit et mesuré différemment par le BIT et Pôle emploi

La population active représente l’ensemble des individus exerçant ou déclarant chercher à exercer un emploi. Elle regroupe donc la population active occupée (ou population active ayant un emploi) et les chômeurs. Un emploi, c'est une activité professionnelle qui est déclaré et rémunéré ; il s'inscrit dans un cadre social et juridique (dans nos sociétés, l'emploi est encadré par un ensemble de règles). Au niveau macroéconomique, l’emploi décrit l’utilisation, par l’économie nationale, de la population désireuse de travailler ; l’emploi correspond donc à la population active occupée. Les personnes sans emploi sont appelés chômeurs. Le chômage est la situation d'un individu sans emploi, disponible immédiatement et qui recherche un emploi. Les chômeurs regroupe alors la population active inoccupée. La population inactive est, quant à elle, l’ensemble des personnes qui n'exercent pas et ne cherchent pas à exercer un emploi.

Pour être considéré comme chômeur, au sens du BIT, trois conditions doivent être respectées :

- Il faut tout d'abord ne pas avoir travaillé ne serait-ce qu'une heure pendant la semaine de référence ;

- Il faut ensuite être disponible pour travailler dans un délai de deux semaines. Ce critère exclut donc les personnes qui, dans ce laps de temps, par exemple, ne peuvent pas résoudre un problème de santé ou un problème de garde d'enfant qui les tient éloignées du marché du travail ;

- Il faut enfin avoir entrepris des démarches spécifiques de recherche d'emploi au cours des quatre semaines précédant la semaine de référence (ou avoir trouvé un emploi qui commence dans les trois mois).

Le taux de chômage au sens du BIT s’établit au quatrième trimestre de 2023 à 7,5 % de la population active en France métropolitaine, soit 2, 3 millions de chômeurs. Outre le chômage « au sens du BIT », on peut aussi appréhender le chômage en comptabilisant simplement les personnes qui s'inscrivent auprès du service public de l'emploi. En France, Pôle emploi tient le registre mensuel des « demandeurs d'emploi en fin de mois » (DEFM).  En France, depuis 2009, les DEFM sont classés en cinq catégories statistiques :

- catégorie  A : demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, sans emploi ;

- catégorie  B : demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, ayant exercé une activité réduite courte (78 heures ou moins au cours du mois) ;

- catégorie  C : demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, ayant exercé une activité réduite longue (de plus de 78 heures au cours du mois) ;

- catégorie  D : demandeurs d'emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (en raison d'un stage, d'une formation, d'une maladie...), y compris les demandeurs d'emploi en contrat de sécurisation professionnelle (CSP), sans emploi ;

- catégorie  E : demandeurs d'emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, en emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats aidés, créateurs d'entreprise).

On peut alors être chômeur au sens du BIT mais pas pour pôle emploi (si on n'est pas inscrit à Pôle emploi). Et, symétriquement, on peut être DEFM sans être considéré comme chômeur au sens du BIT. C'est le cas par exemple si la personne n'a pas accompli de démarche « spécifique » au sens défini plus haut, ou encore plus directement si elle a exercé une activité réduite

Comment lutter contre le chômage ?

Le stock de chômeurs est alimenté par des flux de créations et de destructions d'emplois : le nombre de chômeurs augmente si les destructions d'emplois sont supérieures aux créations d'emplois. Dans le même temps il y a des entrées et des sorties sur le marché du travail : l'évolution du chômage dépend donc également des évolutions de la population active. Il faut donc étudier à la fois des entrées d'actifs (évolutions démographiques, durée des études, incitations à entrer sur le marché du travail) et des sorties d'actifs (âge de départ à la retraite, désincitation à chercher ou exercer un emploi).

Le taux de chômage, qui est le rapport (exprimé en pourcentage de la population active) entre le nombre de chômeur et la population active doit donc être complété par un autre indicateur : le taux d'emploi, qui est le rapport (exprimé en pourcentage de la population en âge de travailler) qui permet de mesurer la part de la population active occupée dans l'ensemble de la population en âge de travailler (de 15 à 64 ans). Il rend compte de la part des individus en emploi sur l'ensemble de ceux en âge de travailler. Rappelons qu'un emploi est une activité professionnelle qui est déclaré et rémunéré..

B) Les critères de définition du chômage conduisent à ignorer le halo du chômage

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Le « halo » du chômage au sens large désigne les situations des personnes qui ne sont pas comptabilisées comme chômeur au sens des critères du BIT alors que, de fait, leur situation s'apparente à celle du chômage. En effet, il existe aux frontières des trois catégories (chômage, emploi, inactivité) des zones « floues », c’est-à-dire un écart entre une situation administrative et la perception que l'on peut en avoir. Parmi elles, les chômeurs (ou travailleurs) découragés désignent les personnes qui ont abandonné une recherche active d'emploi faute d'espoir de pouvoir en trouver un. Ce sont principalement des travailleurs de plus de 50 ans qui considèrent leur âge comme un obstacle majeur au retour à l'emploi, mais également les chômeurs de longue durée. Les jeunes femmes, avec des enfants en bas âge, sont, quant à elles, surreprésentées parmi les personnes non disponibles dans les deux semaines faute de mode de garde. Elles constituent alors la majorité des personnes inactives désirant travailler.

Le sous-emploi selon le BIT, la frontière du chômage et de l'emploi) représente « toutes les personnes pourvues d'un emploi salarié ou non, qu'elles soient au travail ou absentes du travail, et qui travaillent involontairement moins que la durée normale du travail dans leur activité, et qui sont à la recherche d'un travail supplémentaire ou disponibles pour un tel travail durant la période de référence ». Cette définition recouvre donc les personnes à temps partiel involontaire (ou encore « subi ») ou ayant involontairement travaillé moins qu'habituellement (du fait notamment d'un chômage partiel ou technique, du fait d'une baisse d'activité de leur entreprise, les personnes restant alors juridiquement employées par cette dernière). Le sous-emploi concernait en 2018 environ 6% des actifs occupés en France et principalement des femmes en emploi partiel subi. Elles sont en effet 8,6 % des actives occupées a être en sous-emploi contre 3,5 % pour les hommes.

II] Quelles sont les explications théoriques du chômage ?

A) Dans le modèle classique « standard » du marché du travail, le chômage ne peut être que volontaire.

Les économistes néoclassiques sont des théoriciens qui fondent leurs travaux sur plusieurs hypothèses :

- les comportements collectifs s'expliquent par la somme des comportements individuels. Ce sont donc ces comportements qu'il faut analyse ;

- pour prendre une décision – travailler une heure de plus ou embaucher un nouveau salarié – les agents comparent le coût de cette décision avec l'avantage retiré. Il faut donc recourir à un raisonnement à la « marge » pour comprendre les comportements, c'est-a-dire prendre en compte le coût (ou le bénéfice) de la dernier unité produite, la productivité du dernier travailleur, l'utilité retirée de la dernière unité consommée etc. pour rendre compte du choix des agents économiques ;

- les agents sont rationnels et cherchent a maximiser (« avoir le plus possible ») leur utilité (mesure de leur satisfaction)

- généralement, les marchés sont en concurrence pure et parfaite (il y a un grand nombre de vendeur et d'acheteur, tous de petite taille, les produits sont similaires, il y a une parfaite circulation des facteurs de production et il y a une transparence complète de l'information : voir tableau 1). Personne ne peut influencer le marché : les agents sont donc preneur de prix : les prix s'établissent par le libre jeu de l'offre et de la demande, ce qui permet une allocation optimale des ressources (la meilleure distribution possible des ressources).

L'ensemble de ces hypothèses permet d'élaborer des modèles qui sont des constructions théoriques abstraites permettant d'expliquer des mécanismes. Ces économistes considèrent que le travail est une marchandise comme les autres.

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Le marché du travail est un lieu, fictif ou réel, où se rencontre une offre de travail et une demande de travail et où se forme un prix : le taux de salaire réel. L'offre de travail c'’est la quantité de travail et le nombre de personnes désirant travailler. On considère que l'offre de travail est une fonction croissante du taux de salaire réel : lorsque ce dernier augmente, le nombre de personne désirant travailler augmente. La demande de travail émane des employeurs. Elle représente le volume de facteur travail que le producteur décide d’employer pour salaire réel donné. L'entreprise embauche tant que la productivité marginale du travailleur (ce qu'il permet de produire) est supérieure (ou égale) au salaire réel (ce qu'il coûte). Rappelons que la productivité mesure l'efficacité d'un facteur de production. La demande de travail est donc une fonction décroissante du salaire réel. Le salaire d’équilibre est déterminé par la rencontre de l’offre et de la demande de travail. Lorsque les salaires augmentent, l’offre de travail faite par les individus s’accroît. Lorsque les salaires diminuent, le coût du facteur travail baisse pour les entreprises, ce qui les incite à augmenter leur demande pour ce facteur. Le salaire fluctue en fonction de la loi de l’offre et de la demande : si l’offre de travail excède la demande de travail : le taux de salaire réel baisse, ce qui entraîne une baisse de l’offre de travail et l’on revient progressivement à l’équilibre général de plein emploi.

Si les conditions de concurrence pure et parfaite sont satisfaites, la flexibilité des salaires doit donc permettre le retour à l’équilibre. Dans ce système, tout chômage involontaire est impossible : nous sommes en équilibre de plein-emploi : tous les travailleurs qui souhaitent travailler pour le salaire d'équilibre trouvent un emploi. Seul le chômage volontaire et le chômage frictionnel existe. Le chômage volontaire correspond à la situation d’individus qui refusent de travailler au niveau du salaire réel d’équilibre ou aux rigidités présentes sur le marché du travail. Le chômage frictionnel désigne la période de chômage provoquée par la transition et le délai nécessaires à une personne pour trouver un autre emploi.

Graphique : la rencontre entre l'offre et la demande de travail : l'équilibre sur le marché du travail.

Graphique : la rencontre entre l'offre et la demande de travail : l'équilibre sur le marché du travail.

B) Pour Keynes, le chômage peut être involontaire et conjoncturel et son niveau dépend de la demande anticipée.

Le chômage conjoncturel est une forme de chômage liée au ralentissement de l’activité économique. Les fluctuations économiques vont donc directement orienter le niveau de chômage. Selon Keynes (1936), les explications du chômage sont macroéconomiques et conjoncturelles. La crise de 1929 conduit l’économiste anglais John M. Keynes à rompre avec l’économie « classique ». Pour lui, l’économie n’est pas spontanément à l’équilibre car les marchés ne sont pas autorégulateurs et les décisions se prennent dans un univers incertain. Il explique la crise de 29 par une insuffisance de débouchés, c’est-à-dire par une demande globale plus faible que l’offre globale. Il contredit alors la loi de Say qui affirme que « l’offre crée sa propre demande ». En effet, chez les classiques (courant de pensée en économie) la production permet la création de richesse qui est ensuite distribuée sous forme de revenus qui permettront de créer les débouchés pour absorber tous les biens et services produits. Dans un contexte de production de masse, la crise de 29 s’expliquerait par des salaires trop faibles qui auraient limités la consommation des ménages et donc la demande globale.

Dans la théorie keynésienne, les décisions de production des entreprises dépendent de leur anticipation de la demande globale. La demande globale (ou agrégée) est la quantité de biens et services demandés dans une économie (par les ménages : C, les entreprises : I, les administrations publiques : G, ainsi que par le reste du monde : X). Les entreprises prévoient leur volume de production en fonction d'anticipation sur la demande : c'est la demande anticipée (ou demande effective). Plus les entreprises anticipent que la demande globale sera importante, plus elles vont embaucher pour pouvoir produire. Inversement, si les entreprises anticipent un niveau faible de demande globale, elles vont diminuer leur volume de production et ne pas embaucher (ou licencier). Le niveau d'emploi dépend donc de la demande anticipé. Si la demande anticipée est trop faible, l’économie peut évoluer en équilibre de sous-emploi : l'économie est en situation d'équilibre mais, à cet équilibre, le niveau de production nécessite un volume d'emploi qui ne permet pas d'embaucher toute la population active désirant travailler au salaire réel. C'est le chômage keynésien : c'est un chômage qui est lié à l'insuffisance de la demande. C'est donc une situation de chômage involontaire (par opposition au chômage volontaire néoclassique) : ce ne sont pas les individus qui refusent de travailler à un certain taux de salaire mais le niveau de production qui ne permet pas une embauche de toute la populaire active. C'est donc un problème de demande et non d'offre. Dans cette perspective, une baisse généralisée du salaire comme le préconise le modèle néoclassique serait désastreux : le salaire n'est pas ici un coût pour l'entreprise, c'est un revenu pour le travailleur, source de débouché pour les marchandises des entreprises.

C) Les institutions ont des effets négatifs et positifs sur le chômage structurel.

D.C. North (1991) définit les institutions comme « les contraintes élaborées par les hommes qui structurent l’interaction politique, économique et sociale. Elles consistent à la fois en des contraintes informelles (sanctions, tabous, traditions et codes de conduites) et des contraintes formelles (constitutions, lois, droits de propriété) ». Sur le marché du travail, les institutions représentent alors l’ensemble des règles formelles et informelles qui permettent et encadrent la rencontre de l’offre et de la demande et par là la fixation du salaire. Il convient de distinguer les institutions elles-mêmes (le salaire minimum, les règles de protection de l’emploi, les règles d’indemnisation du chômage, etc.) des organisations qui les créent, les entretiennent voire les défont (syndicats, État, groupements professionnels, entreprises, administrations, etc.). Nous verrons les effets positifs et négatifs des institutions sur le chômage structurel et particulièrement les effets de la mise en place d’un salaire minimum et de règles de protection de l’emploi.

1. Un salaire minimum supérieur au salaire d’équilibre conduit à l’augmentation du chômage structurel.

Au début de la Révolution Industrielle, il n'existait aucun droit du travail : pas de règles (par exemple, pas d'âge légal pour commencer à travailler, pas de droit à la retraite, pas de salaire minimum). Il y a une libre fixation des modalités du travail entre employeur et salarié. L’entreprise se contente d’acheter le travail dont elle a besoin, au meilleur prix. Puis, historiquement, la législation du travail a évolué dans le sens de l'institutionnalisation de la relation salariale. L'institutionnalisation de la relation salariale est un processus d’émergence de règles, de conventions et de normes, qui encadrent la relation entre le salarié et son employeur. Le 11 février 1950, un salaire minimum fût instauré en France pour la première fois.

Le salaire ne résulte pas seulement de la rencontre entre l’offre et la demande. Il dépend alors également du cadre légal de chaque pays. En France, les entreprises doivent respecter certaines règles légales dans la fixation du salaire : elles ne peuvent pas payer un salarié à un salaire inférieur au salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC). Le salaire minimum est un salaire en dessous duquel un employeur ne peut pas rémunérer ses salariés. Au 1er janvier 2024, le taux horaire du SMIC passe de 11,27 euros (2023) à 11,65 euros bruts, soit 1 766,92 euros bruts (et 1 398,69 euros nets) mensuels sur la base de la durée légale du travail de 35 heures hebdomadaires. Le but du SMIC est d'éviter que les salaires du bas de l’échelle salariale ne soient trop faibles, de permettre que l’exercice d’un emploi apporte un revenu décent à celui qui l’occupe et de lutter contre la pauvreté. Il permet également d’imposer aux entreprises un salaire minimum attractif qui inciterai davantage à l’entrée sur le marché du travail pour les travailleurs les moins qualifiés. Par ailleurs les entreprises doivent respecter le principe général « à travail égal, salaire égal » qui interdit de payer différemment les salariés exerçant le même emploi en fonction de caractéristiques personnelles (sexe, âge, couleur de peau, religion, handicap…)

Néanmoins, la mise en place d’un salaire minimum trop élevé pourrait conduire à des effets négatifs et augmenter le chômage structurel. Le chômage structurel représente le chômage ne résultant pas directement des variations de l'activité économique de court terme. La hausse du salaire minimum est défavorable à l’embauche des travailleurs les moins productifs puisque les entreprises n’emploient pas de salariés dont la productivité est inférieure au salaire minimum. Un SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) trop élevé augmenterait alors mécaniquement le taux de chômage des travailleurs les moins qualifiés (capital humain faible et donc faible productivité) et rendrait plus difficile l’accès au premier emploi des jeunes travailleurs (qui ont peu ou pas d’expérience et sont donc moins productifs). Ensuite, la hausse de SMIC augmente le coût du travail et par là conduit à un renchérissement des prix sur le marché de certains biens et services. Cela affecte négativement la demande, ce qui génère une faiblesse de l’offre donc limite les créations d’emplois et engendre une forme structurelle de chômage. Enfin, un coût du travail trop élevé peut amener les entreprises a fixer un niveau de production inférieur à celui que les ménages seraient prêts à consommer, et en même temps un niveau d'emploi inférieur au niveau de plein emploi (en effet, une augmentation du coût de production conduit à une baisse du volume de production dans la théorie néoclassique). La baisse de la rentabilité (des profits) de la production conduit alors à une baisse de la production t di niveau d'emploi, mais peu aussi amener à des délocalisations, ce qui augmente le chômage structurel. Le chômage qui s'explique par un coût du travail trop élevé est appelé chômage classique (à la différence du chômage keynésien qui s'explique par la faiblesse de la demande globale).

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2. La protection de l’emploi peut aggraver le chômage structurel mais également conduire à une baisse du chômage grâce à des gains de productivité.

L'institutionnalisation de la relation salariale est le produit de l'intervention étatique et de la négociation collective. Par exemple, la loi interdit le travail des enfants, oblige l'employeur à limiter le risque d'accident du travail, reconnaît un salaire minimum ou encore un droit à la retraite. Une partie de ces règles est le produits de conflits sociaux souvent violent mais aussi de conventions collectives entre les partenaires sociaux (syndicats de salariés et organisations patronales). L'institutionnalisation de la relation salariale a consisté notamment à la mise en place de contrats de travail, qui ont permis de sécuriser la relation employeur / salarié en précisant les droits et devoirs de chacun. Le salarié n’est donc plus soumis au bon vouloir de son employeur et peut défendre ses intérêts à travers des syndicats (interdits jusqu'en 1884).

La protection de l’emploi est permise par un ensemble de règles régissant le contrat de travail (condition d’embauche et de licenciement, en particulier) pour les contrats permanents (CDI) mais aussi temporaires (CDD, intérim). Elle détermine le degré de rigidité de l’emploi. La protection de l’emploi, génératrice de rigidités, alimentent donc le chômage structurel, mais elle est aussi un obstacle à la dépréciation du capital humain due au chômage. Son effet sur la productivité et le chômage est donc ambiguë et les résultats d’enquêtes diffèrent selon le pays étudié :

- En France, la protection de l’emploi freine la destruction créatrice et, empêchant la création de certains emplois par la disparition d’autres, alimente le fort chômage structurel caractéristique de notre économie.

- En Grande-Bretagne, la protection de l’emploi a permis une augmentation de la productivité par la formation professionnelle en continu et le maintien dans l’emploi de certains travailleurs, ce qui a accru leur employabilité et donc diminué le taux de chômage.

- Pour de nombreux pays de l’OCDE dont la protection de l’emploi est contraignante pour les emplois réguliers mais plus flexible pour les emplois temporaires, cela a ralenti la croissance de leur productivité et a donc augmenté le chômage structurel.

Pour conclure, l'existence de rigidités institutionnels sur le marché du travail faussent donc le libre fonctionnement du marché (c'est-a-dire empêche le salaire réel et les quantités de travail offertes et demandées de varier librement) et conduit à l’augmentation du chômage structurel. On peut distinguer deux types de rigidités institutionnels :

- le salaire minimum (SMIC), mais aussi les situations où le salarié est davantage rémunéré que d'habitude : les jours fériés, le travail le dimanche, les heures supplémentaires ou le travail de nuit... qui augmentent le coût du travail ;

- les contraintes aux licenciements ou la durée légale du travail perturbent le libre jeu du marché du travail en empêchant de modifier librement les quantités de travail.

Dans cette perspective, pour améliorer le fonctionnement du marché du travail il faut réduire les rigidités institutionnels au libre jeu du marché.

D) Le chômage structurel s’explique par des imperfections sur le marché du travail

1) Le chômage structurel s’explique par des problèmes d’appariements

Le chômage structurel représente le chômage ne résultant pas directement des variations de l'activité économique de court terme. Il englobe donc le chômage frictionnel, mais ne s'y réduit pas. Le chômage frictionnel résulte des ajustements incessants entre l'offre de travail (les personnes désirant travailler) et la demande de travail (émanant des entreprises). Chaque jour, des milliers d'emplois sont créés et détruits, et un nombre encore plus important de personnes entrent et sortent de l'emploi. La mise en relation des chômeurs et des emplois vacants, c’est-à-dire le processus d’appariement, prend un certain temps et dépend notamment des coûts d'information et de mobilité. Un certain volume de chômage frictionnel est donc inévitable.

Néanmoins, on observe, au-delà de simple problème du chômage frictionnel, la persistance d’emploi non pourvus et même l’abandon de certains recrutements. Cela est le signe d’imperfections du marché du travail qu’on nomme problèmes d’appariements, c’est-à-dire d’inadéquation entre l’offre et la demande de travail. L’inadéquation peut s’expliquer par une différence entre les profils des candidats et les compétences recherchées sur les postes créés : on parle de « skill mismatch ». Elle peut également être géographique, c’est-à-dire que les que la localisation des postes ne sont pas similaire au lieu d’habitation des chômeurs qui auraient les compétences pour prétendre aux postes : on parle de « geographical mismatch ».

2) Le chômage structurel s’explique par des asymétries d’information

Selon l'analyse néoclassique, sur un marché du travail en situation de concurrence pure et parfaire, l'information est parfaite. Cependant, cette hypothèse n'est pas vérifiée dans la réalité : il existe des situations d'asymétrie d'information. Dans une situation d'asymétrie d'information, l'un des partenaires de l'échange (ici le salarié) dispose de plus d'information que l'autre (ici l'employeur). Il existe deux types d'asymétrie d'information : la sélection adverse et l'aléa-moral.

On parle de sélection adverse (ou anti-sélection) lorsqu’un agent ignore une information importante sur la qualité d’un bien ou d’un service avant la transaction. Par exemple, avant de signer un contrat de travail : on ne sait déterminer l'efficacité (donc sa productivité) du salarié. Cela peut conduire a sélectionner un candidat faiblement productif. Dans le cas de l'aléa-moral, l'asymétrie d'information a lieu après la transaction. L’aléa moral désigne la possibilité qu’un agent puisse modifier son comportement dès lors qu’il sait qu’il n’en subira pas les conséquences. Par exemple, une fois le contrat de travail signé : l'employeur peut éprouver des difficultés à contrôler le travail des salariés qui, une fois embauché, peut en profiter pour ne pas fournir les efforts attendus.

Afin de lutter contre les asymétries d'information, l'employeur peut mettre en place un salaire d'efficience. Le salaire d'efficience est un salaire supérieur au salaire d'équilibre résultant de la loi de l'offre et de la demande. L'entreprise cherche à attirer des salariés productifs et à inciter les salariés à faire des efforts de productivité. En effet, le salaire d'efficience permet de limiter le risque de sélection adverse car, en offrant des salaires plus élevés que le salaire d'équilibre, l'entreprise cherche à s'attirer les meilleurs travailleurs qui sont difficiles à déceler lors des entretiens d'embauche. En effet, des salaires trop faibles désinciteraient les meilleurs travailleurs à se présenter à l'embauche. Le salaire d'efficience permet aussi de limiter l'aléa moral : l'employeur ne sachant pas si le salarié recruté va fournir les efforts attendus et n'étant pas en mesure de contrôler précisément ce qui fait le salarié, il substitue au contrôle impossible (ou trop coûteux) un salaire plus élevé que le salaire d'équilibre ce qui permet par ailleurs de s'assurer de la fidélité de l'implication des travailleurs. En effet, pour éviter de perdre cet emploi et le salaire intéressant qui va avec, les travailleurs vont donc tout faire pour satisfaire les demandes de l’employeur et être les plus efficaces possible. C’est aussi une façon d’établir une relation de confiance entre salariés et entreprise propice au total investissement de ceux-ci.

Dans les théories du salaire d’efficience, ce sont donc les entreprises qui, dans un contexte où leur information sur la qualité ou le comportement des travailleurs est imparfaite, ont intérêt à fixer un salaire réel supérieur au salaire d’équilibre. Ceci leur permet notamment d’attirer et retenir les travailleurs de qualité, de les inciter à l’effort une fois embauchés, et de réduire les coûts de rotation (turn-over).

III] Quelles sont les principales politiques mises en œuvre pour lutter contre le chômage ?

Les politiques pour l'emploi désignent l'ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics dans le but d'améliorer la situation de l'emploi, principalement en réduisant le chômage, et d'accompagner les chômeurs. On distingue les dépenses passives qui consistent essentiellement à indemniser les chômeurs et les dépenses actives qui sont destinées à améliorer la qualification des actifs, à augmenter la demande de travail des entreprises et le taux d'emploi. La diversité des formes et des analyses du chômage explique la pluralité des politiques pour l'emploi : les politiques mises en œuvre dépendent du diagnostic posé quant aux origines du chômage.

A) Les politiques macroéconomiques de soutien de la demande globale visent à lutter contre le chômage conjoncturel

Pour lutter contre ce chômage, il est possible de mettre en place des politiques macroéconomiques de soutient à la demande globale. On s'intéresse ici aux politiques conjoncturelle qui sont liées à la fonction de stabilisation de l'activité économique : stabiliser le rythme de la croissance en favorisant la stabilité des prix, lutter contre le chômage et tendre vers l'équilibre de la balance commercial. Afin de soutenir la demande globale, donc permettre que les entreprises anticipent une forte demande et donc augmentent leur volume de production, il est possible de recourir à la politique monétaire et à la politique budgétaire. Les politique budgétaires sont caractérisée par l'utilisation du budget de l’État, sur les dépenses et/ou les recettes pour relancer ou freiner l'activité économique. Par le biais de la politique budgétaire, cela conduit à une hausse des dépenses publiques et baisse de la fiscalité pour les ménages et les entreprises ou/et une hausse du traitement des fonctionnaires (ex : des professeurs), des prestations sociales en espèce (ex : des pensions de retraites) et des minimas sociaux (ex : RSA). L’État peut aussi décider d'augmenter le salaire minimum. Tout cela conduit à une hausse de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises et donc une hausse de la demande globale qui conduit à une hausse de la production qui nécessite d’embaucher de nouveaux salariés. Notons qu'il est préférable de cibler la diminution de la fiscalité ou l'augmentation des revenus de transfert et minimas sociaux sur les ménages ayant une forte propension à consommer : la propension moyenne à consommer est la part de la consommation dans le revenu. Plus le revenu est élevé et plus la part de la consommation est faible (et inversement). Les ménages aux revenus les plus faibles ont donc la plus grande propension marginale à consommer : plus le niveau de revenu est faible, plus une augmentation de ce dernier se traduit par une augmentation de la consommation. Les dépenses passives des politiques pour l'emploi qui consistent essentiellement à indemniser les chômeurs (allocation chômage) concourent donc à stimuler la demande globale.

Les politiques monétaires sont caractérisée par l'action de la banque centrale sur la masse monétaire, notamment à travers la variation du taux d'intérêt directeur. Un taux directeur est le taux auquel les banques de second rang empruntent de la monnaie banque centrale auprès de la Banque Centrale. Il sert à « diriger » les taux d'intérêts que les banques de second rang appliquent aux agents économiques. La banque centrale est une institution publique, généralement indépendante des gouvernements, détenant le monopole de la régulation de la masse monétaire, qui est la quantité de monnaie en circulation dans une économie ou une zone monétaire. Par le biais de la politique monétaire il est possible de baisser les taux d’intérêt directeurs ce qui conduit à une baisse du coût du crédit pour les entreprises et les ménages. Ces derniers peuvent emprunter davantage, ce qui augmente la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises et produit donc une hausse de la demande globale qui se traduit par une hausse de la production qui nécessite d’embaucher de nouveaux salariés. La politique mixte (policy mix) est la combinaison de la politique budgétaire et monétaire.

Cependant, les marges budgétaires et monétaires sont limitées dans le cas de la France : dans la zone euro, la politique monétaire ne peut pas être utilisée pour mener des politiques de relance. La banque centrale est indépendante du pouvoir politique. Par ailleurs, la politique budgétaire est contrainte par le Pacte de stabilité et de Croissance (1997), qui est un engagement à respecter un déficit budgétaire à 3% du PIB et dette publique à 60% du PIB et marque une limite dans les possibilité de mener une politique budgétaire de croissance. Par ailleurs, le niveau de l'endettement public en France est de 113,7 % du PIB en 2022.

Notons qu'indépendamment des politiques monétaires et budgétaires de relance, il est aussi possible de soutenir durablement la demande au travers d'un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux salariés.

B) Les politique d’allégement du coût du travail permet de lutter contre le chômage structurel.

Le coût du travail, c'est ce que dépense l'entreprise pour rémunérer le salarié. Il est composé du salaire net et des cotisations sociales. Les cotisations sociales sont prélevées par la Sécurité sociale. Ce sont donc des prélèvements sur la valeur ajoutée. Il existe deux types de cotisations sociales : les cotisations sociales patronales et les cotisations sociales salariales. Les cotisations sociales salariales sont déduites du salaire brut (salaire net = salaire brut – cotisations sociales salariales). Les cotisations sociales employeurs (= cotisations patronales), sont la part des cotisations sociales qui échoient à l’employeur. Les cotisations sociales permettent de financer la protection sociale qui correspond à l’ensemble des mécanismes qui permettent aux individus de faire face aux situations comme la maladie, les accidents du travail, la maternité, la vieillesse ou le chômage, susceptibles de provoquer une baisse de leurs ressources ou une hausse de leurs dépenses (risque sociaux).

Le salaire minimum est un salaire en dessous duquel un employeur ne peut pas rémunérer ses salariés, il contribue à fausser le mécanisme de marché en instaurant un salaire plancher. Si le salaire minimum est supérieur au salaire d'équilibre en concurrence pure et parfaite (qui dépend donc de la productivité selon le modèle néoclassique), il constitue une barrière à l'embauche et donc une cause du chômage. Un rationnement est une situation qui résulte d’un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché, du fait d'une rigidité qui empêche le marché de s'autoréguler (ici le SMIC). Le salaire minimum rationne l'offre de travail : les salariés dont la productivité est la plus faible (donc les moins qualifiés / diplômés) ne seront pas embauchés. Cette situation créait du chômage classique qui est la situation où les entreprises, malgré la demande potentiellement soutenue qui leur est adressée, préfèrent rationner leurs embauches car elles jugent le coût du travail trop élevé. La demande de travail pour ce niveau de salaire réel est alors inférieure à l’offre et il y a du chômage (écart entre les deux courbes sur le schéma). Ce phénomène touche principalement les salariés les moins qualifiés. En effet, si le coût du travail est trop important relativement à la productivité des salariés, l’employeur peut décider de substituer du capital au travail ou délocaliser sa production vers des pays où la main-d’œuvre est moins chère.

Une des solutions pour lutter contre le chômage en situation de chômage classique est donc la mise en place d’une politique d’allégement du coût du travail. On peut soit diminuer directement le salaire minimum, soit diminuer les cotisations sociales afin de diminuer le coût du travail sans diminuer le salaire net. Les politiques d’allègement du coût du travail (baisse des cotisations sociales) reposent ainsi sur l’idée que l’emploi, au niveau des bas salaires, est sensible au coût du travail et qu’une réduction de ce dernier pourrait entraîner des créations d’emplois. De décembre 2008 à décembre 2009, le dispositif « zéro charges » a par exemple exonéré de cotisations patronales les embauches au niveau du salaire minimum dans les entreprises de moins de 10 salariés. Ce dispositif, introduit en pleine récession, réduisait le coût du travail de 12 % pour une embauche au niveau du salaire minimum. L’exonération décroissait avec le salaire pour s’annuler au niveau de 1,6 SMIC.

Cependant, à long-terme, diminuer les cotisations sociales remet en cause le financement de la protection sociale, donc la couverture contre les risques sociaux et le versement de prestations sociales en espèces (allocation familiale, allocation chômage, pension de retraite, remboursement de frais médicaux etc.). De plus, certains économistes, pensent qu’en période de crise, ces politiques n’ont aucun effet (puisque le chômage est conjoncturel à ce moment là), et qu’il s’agit alors seulement d’un effet d’aubaine pour les entreprises. Néanmoins, les deux types de chômage peuvent coexister, en plus du chômage proprement structurel (lié aux défauts d’appariement ou aux rigidités). Le chômage « classique » peut aussi ne concerner que la frange des salariés pour lesquels la demande de travail est sensible au coût du travail.

C) Les politique de flexibilisation pour lutter contre les rigidités du marché du travail.

Les néoclassiques n'expliquent pas le chômage uniquement par un coût du travail trop élevé par rapport à la productivité du travail : ils pointent également toutes les rigidités institutionnelles sur le marché du travail. L'existence de rigidités institutionnels sur le marché du travail faussent le libre fonctionnement du marché (c'est-a-dire empêche le salaire réel et les quantités de travail offertes et demandées de varier librement). On peut distinguer deux types de rigidités institutionnels :

- le salaire minimum (SMIC), mais aussi les situations où le salarié est davantage rémunéré que d'habitude : les jours fériés, le travail le dimanche, les heures supplémentaires ou le travail de nuit... qui augmentent le coût du travail ;

- les contraintes aux licenciements ou la durée légale du travail perturbent le libre jeu du marché du travail en empêchant de modifier librement les quantités de travail.

Dans cette perspective, pour améliorer le fonctionnement du marché du travail il faut réduire les rigidités institutionnels au libre jeu du marché. La flexibilité du marché du travail du marché du travail est l'ensemble des mécanismes qui s'opposent aux rigidités du marché du travail. La flexibilité est censée permettre aux entreprises d'adapter rapidement l'emploi à la conjoncture, tant au niveau des rémunérations que du volume de l'emploi. Cela se concrétise notamment par l'augmentation des formes particulières d'emploi. Les formes particulières d'emploi (ou emplois atypiques) sont les emplois qui s'éloignent de la norme d'emploi (contrat à durée indéterminée à temps plein). Ce sont les contrats à durée déterminée, l'intérim, les stages, l'apprentissage, les emplois aidés et le travail à temps partiel. C'est donc l'ensemble des emplois précaires et les emplois à temps partiels (qui peuvent être en CDI). En effet, le contrat a durée indéterminée (CDI) est un contrat stable : il n'y a pas de date de rupture prévue, il ne peut être rompu que par démission, par rupture conventionnelle - c'est-à-dire d'un commun accord entre l'employeur et le salarié - ou par licenciement pour raison économique ou pour faute grave. Le CDI est perçu comme rigide dans l'analyse néoclassique car il est trop protecteur : il est difficile, ou coûteux (lorsque le droit n'est pas respecté), de licencier un salarié. Cette protection désinciterait les entreprises d'embaucher. Il est donc nécessaire de recourir à d'autres types de relation contractuel comme le contrat a durée déterminé (CDD) dont la date de rupture est prévue à l'avance, mais aussi le contrat d'intérim qui est passé par le biais d'une agence temporaire de travail.

Cependant, il existe des limites aux politiques de flexibilisation du marché du travail. En effet, on observe un risque de trappe à précarité, c’est-à-dire à un mécanisme qui insisterait les employeurs à proposer des contrats atypiques (CDD, intérim…) qui conduirait au maintient dans la précarité d’une partie de la population. La précarité est une situation caractérisée par l’occupation d’un emploi instable : contrats à durée déterminée (CDD), intérim, contrats aidés. Ces emplois précaires entraînent des conditions de vie plus difficiles et des difficultés d’intégration sociale. Même si le but étant de lutter contre le chômage cependant le risque étant d’embaucher et de maintenir ces travailleurs aux revenus faibles et intermittents dans une trappe d’instabilité, d’intermittence dont il est complexe de sortir (minorité jouant un rôle tampon lors des périodes de récession). De plus, La flexibilité quantitative alimente un chômage récurrent caractérisé par une alternance entre des périodes d’emploi et de chômage. Par exemple, en décembre 2017 en France, 26,5 % des inscriptions à pôle emploi faisaient suite à la fin d’un CDD ou d’une mission d’intérim selon la DARES.

Les politiques de flexibilisation peuvent alors conduire à des effets pervers, comme la dégradation du capital humain puisque les entreprises n’investissent pas en formation sur une main-d’œuvre précaire. A terme, cela conduit à une dégradation de la compétitivité des entreprises. De plus, cela provoque un entretient du chômage keynésien, puisqu’en cas de retournement de la conjoncture si la flexibilité quantitative est forte il y aura beaucoup de licenciements avec des effets récessifs sur la demande ce qui accentue la récession (comme lors de la crise des subprimes).

D) Les politique de formation pour limiter les problèmes d’appariements.

On observe que les personnes les plus touchés par le chômage sont les travailleurs les moins qualifiés. Les politiques publiques de formation sont donc essentielles pour lutter contre le chômage en permettant un meilleur ajustement entre les qualifications des chômeurs (donc des offreurs de travail) et les qualifications des emplois (donc de la demande de travail), c’est-à-dire une amélioration de l’appariement sur le marché du travail. Les qualifications sont l'ensemble des compétences d'un actif (qualification d'un actif, qui peut être occupé ou à la recherche d'un emploi) ou l'ensemble des compétences liées à un emploi (qualification de l'emploi, donc de la demande de travail des entreprises). L'ensemble des économistes s'accordent sur ce principe d'un meilleur ajustement entre qualification des actifs et qualification des emplois. Les dépenses actives des politiques pour l'emploi sont destinées à améliorer la qualification des actifs

On distingue deux types de politiques de formation. Tout d’abord, les politiques globales qui touchent toute la population. Elles reposent sur la formation initiale et la formation professionnelle continue. La formation initiale est la première formation obtenue au terme d'un cycle d'étude dans le cadre éducatif et dans le cadre d'apprentissage et d'expérience acquise au sein de l'entreprise lors de stage ou d'alternance. Les politiques de formation initiale jouent un rôle majeur puisqu’elles permettent de doter tous les individus d’un capital humain général leur permettant, outre l’apport spécifique des connaissances et compétences acquises, la capacité à apprendre et continuer de se former.

La formation professionnel continue est un processus d'apprentissage qui permet à un individu déjà entrée dans la vie active d'acquérir des savoirs et savoir-faire nécessaires à l'exercice d'une activité professionnelle. La formation professionnelle peut, elle, faciliter la mobilité des travailleurs et leur adaptation au progrès technique. C’est dans cette optique qu’a été créé le compte personnel de formation en 2015, prolongeant le droit individuel à la formation reconnu en 2004. En 2016, en France, la dépense nationale pour la formation professionnelle continue et l’apprentissage s’élevait à 26,1 milliards d’euros, hors dépenses directes des entreprises, soit 1,2 % du PIB.

Enfin, les politiques spécifiques d’insertion concernent avant tout les chômeurs ou les travailleurs les plus exposés au risque de chômage. L'un des enjeux est de développer la formation continue pour les chômeurs, notamment dans les secteurs qui peinent à recruter. Le but est de réduire la composante du chômage frictionnelle qui est liée à une inadéquation entre les qualifications des emplois et celle des chômeurs (appariement). Néanmoins, on constate que ce sont majoritairement les personnes en emploi qui bénéficient des formations aujourd’hui.

Notons qu'une autre part du chômage frictionnelle est par nature incompressible : celle liée aux délais d’ajustement de la main d’œuvre d’un emploi à l’autre liée à la période de recherche d’un emploi ou à la mobilité géographique par exemple.

Publié dans Terminale ES

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