Comment analyser la structure sociale ?
Cours de sciences économiques et sociales SES de terminale économique et sociale ES.
Classe, stratification et mobilité sociale.
Comment analyser la structure sociale ?
Objectifs :
→ Expliquer les critères de construction des PCS ainsi que l'intérêt de cet outil.
→ Maîtriser la lecture et la signification des principaux indicateurs et outils statistiques des inégalités (courbe de Lorenz, moyenne, écart type, médiane, écarts et rapports interquantiles).
→ Expliquer et illustrer le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales.
→ Expliquer les mécanismes de cumul de ces inégalités.
→ Expliquer la théorie des classes sociales de Marx (conception réaliste).
→ Expliquer la théorie des strates sociales de la structure sociale de Weber (conception nominaliste).
→ Distinguer la notion de classe sociale chez Marx et Weber (ordre économique).
→ Expliquer que l'approche contemporaine de Bourdieu est une synthèse de Marx et Weber.
→ Expliquer les raisons et les caractéristiques de la moyennisation (analyse de Mendras).
→ Expliquer les raisons pour lesquelles on parle d'un brouillage des frontières des classes sociales.
→ Expliquer la multiplicité des critères de différenciation sociale dans les sociétés actuelles (grille des PCS, âge, sexe, style de vie).
→ Expliquer les raisons qui font penser à un retour des classes sociales (Pinçon & Pinçon-Charlot, Chauvel)
Notions à connaître :
Acquis de première : salaire, profit, revenu, revenus de transfert, groupe social
A acquérir en terminale : Catégorie socioprofessionnelles, Inégalités, Inégalités économiques, Inégalités sociale, Système des inégalités, Classes sociales, Bourgeoisie, Prolétariat, Classe en soi, Classe pour soi (conscience de classe), Polarisation, Groupes de statut, Moyennisation, Capital économique / culturel / social, Génération (≠ age), Genre (≠ sexe)
L'analyse de la structure sociale permet de rendre compte du degré d'égalité entre les individus dans une société. La structure sociale correspond à la répartition de la population en groupes sociaux différenciés au sein d’une société donnée.
Vous pouvez trouver ci-joint le dossier documentaire pour les élèves :
I] Des inégalités multiples et cumulatives.
A) Comment définir les inégalités ?
Une inégalité est donc une différence d’accès à des ressources socialement valorisées. Les inégalités reposent explicitement ou implicitement sur des formes de hiérarchisations sociales dont les normes et valeurs collectives sont au fondement. ll faut donc distinguer inégalité et différence. Une différence entre individus est un élément qui les distingue. Une différence devient une inégalité à partir du moment où elle se traduit par une différence d’accès à une ressource socialement valorisée.
B) Les PCS, un outil de représentation de la structure sociale.
Ce tableau représente les six « groupes » que l'on utilise sous le nom de « professions et catégories socioprofessionnelles » (PCS). Ces groupes ne sont qu'un premier niveau de classification (quatre niveaux d'agrégation emboîtés : les groupes socioprofessionnels (8 postes), les catégories socioprofessionnelles (24 et 42 postes) et les professions (486 postes). Nous avons ici reportés les six groupes de la population active. La grille des PCS contient en réalité huit groupes (les six groupes du tableau, les "retraités" et les "autres personnes sans activités professionnelles").
Les catégories socioprofessionnelles (CSP puis PCS) sont un mode de regroupement des individus en catégories sociales homogènes selon leur activité professionnelle sur la base de plusieurs critères :
- la profession (métier), le statut juridique de l'individu (indépendant ou salarié), la qualification, la position hiérarchique, la taille de l'entreprise (petite, moyenne ou grande entreprise), le secteur d'activité (primaire, secondaire, tertiaire), la nature de l’entreprise (privée ou publique).
C’est l’INSEE qui a créé en 1954 les catégories socioprofessionnelles (CSP). Des modifications ont été apportées en 1982 afin de prendre en compte les évolutions de la société : sont créées les PCS. Note : 6 groupes d'actifs, 2 d'inactifs. Les PCS permettent de construire des groupes sociaux présentant une certaine homogénéité sociale. Cela part de l’hypothèse que des personnes qui ont la même profession ou des professions proches auront des conditions de vie proches, des pratiques sociales et culturelles semblables, des goûts et des opinions politiques similaires. Ainsi cette nomenclature est conçue pour être un outil d’analyse statistiques et sociologiques, elle rend compte de la structure sociale.
C) Les inégalités économiques.
Les inégalités économiques correspondent à une répartition non uniforme de revenus et de patrimoine entre individus.
Rappel : distinction entre flux et stock (dessin baignoire). Un flux fait référence à une circulation de produits, de revenus, de monnaie... On ne peut donc pas mesurer un flux à un moment donné, mais seulement pendant une période donnée, entre deux moments. Ex : le salaire mensuel ou annuel. En revanche, stock = ce qui est détenu à un moment donné (ex : le montant de votre livret A).
Revenu : ce qui peut être consommé par un agent économique au cours d'une période sans diminuer la valeur de son patrimoine. Le revenu est un flux.
Salaire : revenu du salarié en échange de son travail pour le compte d'un employeur.
Profit : revenu du ou des propriétaires de l'entreprise, c'est la rémunération du risque.
Plus généralement (~revenu du capital/profit selon les acceptions), il y a les revenus du patrimoine. Ils rémunèrent le fait de mettre du patrimoine à la disposition d'un agent économique (loyers, dividendes...)
Le patrimoine correspond à l’ensemble des actifs détenus par les ménages. Il inclut le patrimoine financier, le patrimoine professionnel (entreprises, terres, machines, stocks…), les biens durables (voiture, équipement de la maison…), les bijoux, les œuvres d’arts et autres objets de valeur.
Note : le document ci-dessous est le sujet d'EC2 du baccalauréat ES France métropolitaine session 2017. Le sujet était : "vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités de salaire qu'il met en évidence".
Note : le document ci-dessous est le sujet d'EC2 du baccalauréat ES Amérique du Nord session 2013. Le sujet était : "vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités de patrimoine qu'il met en évidence".
Bien que la France soit un pays de plus en plus riche, les inégalités économiques n’ont pas disparus. En effet, en 2010, les 10% les plus riches de la population française détenaient 25% des revenus et 50% du patrimoine du pays. A l’inverse, les 10% les moins riches détenaient 5% des revenus et 0% du patrimoine. Ce sont donc les inégalités de patrimoine qui sont les plus importantes.
Sur le long terme, il y a incontestablement un mouvement de réduction des inégalités économiques, notamment du fait baisse du patrimoine. Déconcentration du patrimoine liée à 3 facteurs principaux (Piketty) :
1. la destruction physique du capital lors des deux guerres mondiales,
2.l’instauration d’une fiscalité plus progressive
3.la destruction physique du capital lors des deux guerres mondiales,
Par ailleurs, il y a eu une forte augmentation du niveau de vie moyen sur la période (ce qui ne veut pas forcément dire baisse des inégalités).
Pour rendre compte de l’évolution des inégalités des niveaux de vie en France depuis la seconde guerre mondiale, on peut distinguer 4 phases principales :
- De 1950 à 1968 : très forte augmentation du niveau de vie moyen mais paradoxalement, hausse de la dispersion des salaires (SMIG indexé sur l’inflation et non sur la croissance et pensions de retraites limitées).
- De 1968 à 1984 : Baisse des inégalités : SMIG indexé sur la croissance, hausse des pensions de retraite et mise en place de minima sociaux.
- De 1984 au milieu des années 2000 : essoufflement très net du processus de réduction des inégalités économiques : le rapport interdéciles D1/D9 continue de diminuer mais à un rythme plus faible.
- Depuis 2004 : hausse des inégalités de niveau de vie lié à l’augmentation de la richesse des 10% les plus riches, deux causes :
1. Forte hausse des revenus du patrimoine qui représentent une forte part du revenu des 10% les plus riches
2. Explosion des très hauts revenus salariaux (stock-options, intéressement…)
D) Les inégalités sociales.
Inégalités sociales : conséquences d’une distribution inégale au sein de la société, des ressources matérielles, sociales, politiques et culturelles.
Il existe des inégalités d'espérance de vie. Selon l’INSEE, en France, au cours des années 2000, en moyenne, à 35 ans, les hommes en France peuvent espérer vivre 42,8 ans. Les femmes, quelle que soit leur catégorie sociale, ont une espérance de vie supérieure aux hommes : à 35 ans, elles peuvent espérer vivre 7 ans de plus en moyenne que les hommes. Les cadres ont une espérance de vie nettement supérieure à celle des autres PCS. Les ouvriers ont la plus faible espérance de vie.
Il existe des inégalités d'accès aux diplômes et de réussite scolaire. La PCS la mieux représentée dans les études supérieures est la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures car les enfants ayant des parents appartenant à cette catégorie représente au minimum 15,7% d’une formation (formations comptables non universitaires) contre les enfants d’ouvriers qui représentent souvent moins de 15% du total des enfants. Notons que les CPIS sont souvent dans les études les plus prestigieuses (CPGE, Ecole d'ingénieure et de commerce), les enfants d'ouvriers et d'employés étant davantage en STS (bac +2) et dans les études paramédicales.
Note : le document ci-dessous est le sujet d'EC2 du baccalauréat ES Autres centres étrangers session 2014. Le sujet était : "vous présenterez le document puis vous comparerez la distribution des étudiants dans les différentes filières selon l'origine sociale".
Il existe, par ailleurs, des inégalités d'accès au pouvoir. Tous les individus n'ont pas accès aux postes de pouvoir (politique ou économique). En France, en 2012, il y a 26,9 % de femme députés à l'Assemblée Nationale. Seule une femme première ministre en France (Cresson), les femmes qui accèdent à des postes de ministres sont souvent à l'éducation, la famille, la jeunesse et les sports, la santé (Care : prendre soin des autres. Bref rappel première).
Alors que les employés et les ouvriers représentent la moitié de la population active, seul 3 % des députés proviennent de leurs rangs. A l’inverse, les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 82 % de l’ensemble.
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L'Assemblée nationale ne compte quasiment plus de représentants des milieux populaires
À quand la parité sociale à l'Assemblée nationale ? Employés et ouvriers représentent la moitié de la population active et comptent pour dix fois moins parmi les député(e)s. Contrairement ...
E) Des inégalités qui s’auto-entretiennent et qui se cumulent.
Il y a un cumul des inégalités qui se transforme en cumul des avantages pour les uns et cumul des désavantages pour les autres. Les auteurs A. Bihr et R. Pfefferkorn parlent en ce sens de « système des inégalités » : ces dernières font systèmes dans le sens où une inégalité (économique ou sociale) a des effets sur d'autres sphères.
On peut distinguer deux mécanismes :
- Exemple d’inégalités sociales qui entraînent des inégalités économiques : la rémunération des femmes.
Du fait de la division sexuelle des tâches dans notre société : les femmes prennent largement en charge le travail domestique, l’éducation des enfants, ce qui peut expliquer un taux d’emploi plus faible pour les mères de jeunes enfants, mais aussi le choix d’emploi à temps partiel (qui concerne plus d’un quart des femmes en emploi) ainsi que des carrières plus discontinues. Cela contribue à expliquer les écarts de rémunération entre hommes et femmes. Ici, le genre est le facteur qui explique le mieux l’origine des inégalités de rémunération.
- Exemple d’inégalités économiques qui entraînent des inégalités sociales : la santé
Les individus ont des revenus faibles (ex : chômeurs, emplois précaires, ouvriers, employés notamment les moins qualifiés) : l'accès aux soins est plus difficiles, cela a aussi un effet sur la consommation alimentaire (variété et prix des produits consommés. Par exemple : L’obésité est corrélée au niveau de vie des ménages). De plus, conditions de travail parfois plus pénibles et plus dangereuses (pour les précaires/certains ouvriers) : usure physique et psychique de l’organisme.
Ici, les différences de revenus expliquent le mieux les inégalités d’accès aux soins et d’espérance de vie.
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Le temps des inégalités dont vous êtes le héros
La sécurité économique et sociale des uns passe désormais par l'insécurité des autres, alors même que la plupart d'entre nous sommes révoltés par les injustices. Une "préférence pour l'i...
http://www.slate.fr/story/109019/inegalites-dont-vous-etes-le-heros
II] Les inégalités structurent la société en différents groupes et classes sociales.
On peut définir de manière générique classe sociale comme un « groupement ayant une position similaire dans le système productif » car la plupart des auteurs sont en accord avec cette définition.
A) L'approche réaliste et conflictuelle de Karl Marx.
1. Les classes sociales dépendent de leur position dans les rapports de production.
Pour Marx et Engels, les classes sociales ont toujours existé. Depuis l’Antiquité, les classes sociales sont multiples :
-
Maîtres et esclaves dans l’Antiquité (mode de production esclavagiste) ;
-
Seigneurs et serfs au Moyen-Age (mode de production féodal) ;
-
Bourgeoisie et prolétariat dans le mode de production capitaliste (mode de production capitaliste).
Pour Marx, la division de la société est fondée sur les rapports de production : ce sont les modalités selon lesquelles les hommes entrent en relation pour produire, échanger et répartir les richesses. Marx parle de « conditions matérielles d'existence », qui découlent de la place dans le mode de production, pour expliquer qui sont les membres d'une classe sociale. « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes. » : Le moteur de l'évolution historique est le conflit entre les différentes classes sociales que Marx nomme lutte des classes. Ces différentes classes sociales s’affrontent car elles ont des intérêts divergents (antagonistes).
L'évolution des rapports de production est une évolution historique, elle trouve son origine dans les rapports économiques, ce qui donne le mode de production. Cette évolution est perçue comme une amélioration des conditions d'existence des individus pour Marx (esclavage ≠ salariat capitaliste, où le prolétaire s'appartient au moins à lui même et où tout le produit de son travail ne lui est pas confisqué), mais le mode de production capitaliste se caractérise par l'exploitation du prolétariat et par une anarchie de la production liée à la concurrence qui ne permet pas de tirer pleinement partie des forces productives permises par le progrès technique de l'époque.
La bourgeoisie correspond à la classe qui détient les moyens de production. On dit aussi « capitalistes ». Leur but est d’accumuler du capital et de faire du profit. Le prolétariat sont ceux qui ne possèdent que leur force de travail pour vivre. Au 19è, cela correspond la classe des ouvriers. Ce qui oppose les deux classes sociales est la place qu’elles occupent dans le processus de production. La bourgeoisie possède les moyens de production alors que le prolétariat tente de survivre. Marx précise qu’au fur et à mesure de l’évolution historique, les groupes sociaux intermédiaires (paysans, bourgeoisie financière, foncière, artisans, petits commerçants) sont obligés de rejoindre le prolétariat ou la bourgeoisie du fait de la concurrence entre les individus et de la concentration du capital, avec une prolétarisation d'une partie des individus (artisans, petits commerçants). Le capitalisme est donc voué à la bipolarisation de la société en deux classes sociales antagonistes.
Pour Karl Marx, seule la force de travail est créatrice de valeur, car c'est grâce à elle que les marchandises sont fabriquées. Ce sont les prolétaires qui apportent la force de travail. La bourgeoisie détient les moyens de production (on dirait aujourd'hui capital physique). Or, les machines seules ne peuvent créer de la valeur, elles ont nécessairement besoin de travail pour fonctionner (bref rappel fonction de production).
Les capitalistes rémunèrent le travail fournis par les prolétaires en dessous de la valeur qu'ils ont crées par leur travail (« sans contributions matérielles de même valeur »). Par exemple, si je travaille durant 8 heures et que je produis dix montres dont la valeur marchande sera de 300€ pour le lot, et que le capitaliste me rémunère 80€ pour la journée de travail (le smic horaire est de 9,67 euros aujourd'hui), ce capitaliste se fait 220€ de plus-value. La plus-value correspond à la valeur du travail qui n'est pas rémunérée au travailleur mais accaparée par le capitaliste. La rémunération du capital est illégitime chez Marx, car il ne produit rien. Les prolétaires sont donc exploités par les capitalistes.
Il y a donc une lutte des classes entre la bourgeoisie et le prolétariat, qui se traduira par une révolution afin d'aboutir au prochain mode de production : le mode de production socialiste, qui correspond à la prise du pouvoir par le prolétariat et la collectivisation des moyens de production ; puis vers une société sans classes et sans État -dans le sens d'institution oppressive au service de la bourgeoisie- que l'on nomme communisme (même si Marx n'a jamais vraiment défini ce mot, qui était déjà utilisé dans le mouvement ouvrier de son époque).
2. La classe sociale suppose un sentiment d'appartenance commune.
Selon Marx, les paysans ont des conditions matérielles d'existence similaires mais ils sont isolés les uns des autres. Malgré leurs intérêts similaires, il n'y a pas de communauté ni d'organisation politique propre à cette catégorie sociale qui participent à l'émergence de ce sentiment d'appartenance. Concernant les prolétaires : le salariat produit à la fois une concurrence entre travailleurs et une coopération, une proximité, favorable au développement de liens sociaux (à la différence des paysans parcellaires).
Classes sociales (chez Marx) : Des individus forment une classe sociale s’ils ont des intérêts communs liés à leur position dans le système de production (classe en soi : indicateur objectif) et s’ils ont conscience de l’existence de ces intérêts communs et se mobilisent pour les défendre (classe pour soi : C'est un critère subjectif). Dans le système de production capitaliste, les capitalistes (qui détiennent les moyens de production) et les prolétaires (qui ne détiennent que leur force de travail) s’affrontent dans une lutte des classes. Marx a une analyse réaliste : les classes sociales sont des groupes réelles car leur existence se fonde sur un indicateur objectif : les conditions matérielles d'existence.
B) L'approche nominaliste et multidimensionnelle de Max Weber.
Weber a une approche nominaliste : les classes ont une existence théorique. Ceux sont des constructions intellectuelles qui ne correspondent pas forcément à une réalité sociale.
Weber distingue trois dimensions (ordre) dans la stratification sociale :
- ordre économique : ce sont les différentes chances de produire ou d'accéder à des biens. Il y a une distinction entre :
-
ceux qui tirent des revenus d’un patrimoine (rentiers, entrepreneurs)
-
et ceux qui mettent en œuvre les moyens de production (en haut les marchands, en bas les ouvriers).
La position sur cette échelle n’est qu’un élément de la position sociale des individus. Classes sociales (chez weber) : une classe sociale regroupe les individus qui ont les mêmes chances d’accéder aux biens et aux services (ceux qui ont un niveau de richesse similaire). Ces groupes sont nombreux, ouverts et les individus n’ont pas forcément conscience d’en faire partie.
- ordre social : c'est le degré d'« honneur social » ou de prestige d'un individu, notamment par son style de vie et de consommation : c'est le groupe de statut (ou groupe statutaire) : ensemble des individus qui ont un même niveau de prestige et un même mode de vie (profession, style vestimentaire, loisirs, lieu d’habitation, etc.).
- ordre politique : c'est le pouvoir politique, la compétition pour le contrôle de l’État. Cela se fait au travers des partis politiques.
La position dans un ordre ne détermine pas nécessairement celle dans un autre. Le plus souvent, les individus, surtout aux extrémités de l’échelle sociale, cumulent les positions dominantes pour les uns, dominées pour les autres, sur les trois échelles. Un membre désargenté de la grande noblesse dispose d’un haut niveau de prestige mais est déclassé au sein de l’ordre économique. Au contraire, un membre des classes populaires ayant gagné au loto a acquis une position élevée dans l’ordre économique sans jouir pour autant d’une position similaire dans les deux autres ordres. Un individu peut être à la tête d’un parti politique sans forcément être fortuné (ex : Besancenot), un autre peut avoir une certaine notoriété (par exemple, un présentateur télévisé, un acteur connu, un sportif renommé) sans avoir forcément de pouvoir politique…
Weber prend en considération la place dans l'ordre économique mais il prend en compte les dimensions sociales et politiques de la structure sociale. L'analyse de Weber permet d'analyser une pluralité des critères de différenciations, et inégalités, entre individus, par rapport à l'analyse de Marx. Par ailleurs, l'analyse de Weber ne conduit pas à une polarisation : il existe plusieurs ordres de classement à un même moment dans une société, classements qui ne se recoupent pas forcément. Note : Marx écrit au milieu du 19ème (autour de 1850), Weber dans la première moitié du 20ème (autour de 1920). Il existe donc plusieurs groupes sociaux qui coexistent entre eux, sans être uniquement définis par leur situation économique. C'est davantage une analyse en terme de stratification sociale, qu'en terme de classe sociale. La stratification sociale est un système de différenciation sociale qui est basé sur l'inégale distribution des ressources et des positions (≠ classe où question de lutte pour ses intérêts, de domination).
C) L'approche multidimensionnelle de Pierre Bourdieu : une synthèse entre Marx et Weber.
Avec les 30 Glorieuses et la fin de la guerre, modifications profondes de la société française : enrichissement de la population, réduction des inégalités, ère de consommation de masse, montée des fonctions sociales de l’État. Cela a aboutit à un prolongement et un renouveau des analyses de la structure sociale.L'univers bourdieusien est hiérarchisé, impliquant des relations de domination selon les capitaux détenus par les agents sociaux. P. Bourdieu distingue quatre formes de capitaux qui vont structurer l'espace social.
- Le capital économique est défini comme l'ensemble des biens économiques tels que le patrimoine et les revenus (déterminent les conditions de vie).
- Le capital culturel est l'ensemble des ressources culturelles ; il peut exister sous trois formes :
-
disposition corporelles (« capital culturel incorporé » : capacité à s'exprimer en public, aisance orale… → il reflète le capital culturel hérité (transmis par la socialisation, notamment primaire).
-
bien culturel (« capital culturel objectivé ») : possession d'oeuvre d'art, de meubles de style…
-
institutionnel (validé par des institutions, « capital culturel institutionnalisé)) : diplôme…
- Le capital social, c'est-à-dire l'ensemble des relations sociales dont dispose un individu ou un groupe qui peuvent être utilement mobilisé.
- Le capital symbolique est le crédit, l'autorité, la considération que confèrent à un agent la reconnaissance et la possession des trois autres formes de capitaux.
Les pratiques culturelles, des loisirs, des types de consommation alimentaire sont différentes selon les classes sociales. Pour Bourdieu, à l'intérieur de chaque mode de consommation il y a des hiérarchies. Ainsi, ce n'est pas la même chose de boire du champagne ou du mousseux, de manger des œufs de lump ou du caviar, d'aller à l'Opéra ou à un concert de Jazz, d'aller à un concert de Jazz qu'à un concert de hip hop. D'aller à un concert de Kerry James qu'un concert de Jul au sein du Hip hop. D'aller voir les pièces de théâtre d'avant garde ou les grands classiques que d'aller voir des pièces de théâtre de boulevard. Par leur consommations, les classes sociales marquent leur distinction entre les autres. Chez Bourdieu, ce sont les classes supérieurs, notamment dominantes, qui fixent les consommations les plus légitimes, les autres classes sociales cherchant à les imiter.
Bourdieu différencie la classe supérieures les classes moyennes et les classes populaires, en fonction du volume de capital que chaque groupe détient. Il décompose les deux premières classes en fractions de classes, en fonction de la structure du capital (c’est-à-dire de la composition du capital détenu : plutôt économique, plutôt culturel). Les classes qui ont relativement plus de capital économique que culturel sont les fractions dominantes, celles ayant relativement plus de capital culturel sont les classes dominées.
Bourdieu rend compte des classes sociales à partir de la classification des CSP. Il dessine 3 classes liées à la possession de capitaux (ainsi que de leur habitus, soit l'ensemble des manières de voir, de penser, de parler, de se tenir, propre à un groupe social et leur style de vie). On voit ici apparaître la classe moyenne qui a des goûts et des attitudes différentes des classes supérieures mais qui serait dans une dépendance à l'égard de la classe dominante, avec une aspiration à l'ascension sociale et une forte reconnaissance de l'ordre établi.
Si il n'y a pas nécessairement de conflit entre les classes chez Bourdieu, il existe des rapports de domination. Les classes dominantes cherchent à imposer leur modèle culturel et leur vision du monde aux autres classes par le biais des pratiques de distinction. Pour cela elles doivent contrôler les institutions productrices de légitimité comme l'école (qu'est-ce qui est valorisé à l'école ? ) ou l’État (qui entre à l'ENA, à Sc Po Paris ? ).
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Comment la famille transmet l'ordre inégal des choses
La famille est un vecteur de transmission des inégalités, notamment à travers la culture de l'écrit. L'analyse de Bernard Lahire, Professeur de sociologie à l'École Normale Supérieure de Lyo...
https://www.inegalites.fr/Comment-la-famille-transmet-l-ordre-inegal-des-choses
Bourdieu emprunte à Marx : les rapports de domination, la hiérarchie sociale, l'importance de la composante économique. Il est aussi héritier de Weber car il propose une analyse multidimensionnelle de la structure sociale qui intègre deux types de capitaux en plus du capital économique : le capital culturel et le capital social (ainsi que le capital symbolique). Pour Bourdieu, les classes sont en partie des constructions intellectuelles (nominaliste) mais elles correspondent cependant à une réalité sociale car elles se fondent sur des critères objectifs (possession de capitaux, style de vie) et elle se distinguent entre elles (réaliste), en se mobilisant, notamment la classe supérieure. Bourdieu écrit dans les années 1980.
III] Évolution des inégalités et multiplicité des critères de différenciation sociale : la fin des classes sociales ?
A) La moyennisation de la société remet en cause l'existence des classes sociales.
La moyennisation d'une société peut être définie comme le processus de constitution d'une vaste catégorie moyenne réduisant les positions extrêmes dans la stratification sociale et rapprochant les modes et les niveaux de vie.
Pour Mendras, il y a une moyennisation de la société (une convergence des différents groupes vers la moyenne), ce qui aboutit qu'une lecture en terme de classe sociale n'est pas pertinente (donc il n'y a pas de « classe moyenne », si il n'y a pas de classe). Il représente donc la société française de 1980 en forme de toupie (ou strobiloîde) qui suit la répartition du revenu.
En effet, suite aux Trente Glorieuse, le secteur tertiaire se développe de manière très importante (pour devenir le premier secteur de production dans le pays) et donc un développement de la CSP employé, les salaires augmentent fortement entraînant une hausse du niveau de vie moyen et une hausse de la consommation de masse, notamment aux biens de consommation durable. Les français adoptent des modes de vie qui s'homogénéisent (exemple du barbecue et du jean). Il y a une moyennisation des conditions de vie, tant en terme de revenu que de consommation. Selon Mendras, contrairement à Bourdieu, ceux qui dictent le « bon goût » ou donnent l’exemple à suivre/ceux qu’il faut imiter sont les cadres et la constellation centrale, cette nouvelle catégorie professionnelle devient la référence sociale contre la bourgeoisie précédemment.
Taux d'équipement des ménages (en %)
Champ : France métropolitaine.
Trente ans de vie économique et sociale, INSEE, 2014
B) La multiplicité des critères de différenciation affaiblit la notion de classe sociale.
Parallèlement à la moyennisation, d'autres inégalités semblent structurer la société française. Plutôt que de parler de classe sociale, nous parlerons alors de groupes sociaux : individus qui ont des interactions entre eux et un sentiment d'appartenance au groupe.
1. Une différenciation selon l’âge et la génération.
L'âge désigne la durée écoulée entre la naissance d’un individu et une date donnée.
La génération désigne un groupe de personnes étant nées à la même époque et ayant connu les mêmes événements historiques. On parle par exemple de « génération 68 ».
Louis Chauvel parle de « lutte des âges » pour désigner les intérêts opposés existant entre les générations : la nouvelle génération est en concurrence avec la précédente pour occuper les postes valorisés (emplois de direction par exemple), la concurrente ne lui permettant pas d’obtenir la progression qu'elle a elle-même obtenue plus tôt, notamment en terme de niveau de vie. Ici, la lutte ne se fait plus entre les classes (Marx) mais entre les générations.
2) Une différenciation selon le genre.
La notion de sexe renvoie à des différences biologiques entre les hommes et les femmes.
La notion de genre désigne la répartition hiérarchique des rôles selon le sexe dans une société données, répartition qui se fonde et qui contribue à la construction sociale des normes et des valeurs masculines et féminines et leurs représentations symboliques.
▲ note : si EC2, à quoi faut-il faire attention ? 1) toutes les statistiques ne sont pas de la même année, 2) il ne faut pas seulement comparer mais mettre en relation (ex : part des étudiant et taux de chômage/temps partiel/taux de pauvreté, part des femmes dans la fonction publique et accès aux postes de direction dans la fonction publique).
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Les inégalités entre les femmes et les hommes en France
Données provisoires. ** Troisième trimestre 2016 (données provisoires). Source : Insee, ministère de l'Education nationale, Ined, Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, Par...
https://www.inegalites.fr/Les-inegalites-entre-les-femmes-et-les-hommes-en-France
Les inégalités H/F sont les plus fortes dans le monde du travail : elles ont souvent des emplois plus précaires (elles subissent par exemple davantage les temps partiels), sont plus souvent au chômage, occupent moins souvent des postes de direction, perçoivent un salaire plus faible et ont plus souvent des interruptions de carrière du fait de leurs grossesses. Le surinvestissement des femmes dans les activités domestiques se résume dans le concept de « double journée » (Monique Haicault) : après les heures de travail, les femmes s’investissent dans les tâches domestiques.
Les sociologues sont d'accord pour constater un brouillage des frontières entre les classes sociales, dans la mesure où il est plus difficile de repérer des groupes bien distincts et homogènes. Par ailleurs, il est difficile de ne définir une classe que sur un critère économique (Marx ≠ Weber / Bourdieu / Mendras), les individus se classent sur différentes échelles, où ils ne sont pas toujours dominant (Weber / Bourdieu / Mendras).
C) Peut-on encore parler de classe sociale aujourd'hui ?
Cependant, il est nécessaire de nuancer l'analyse de la moyennisation et de ne pas proclamer la fin des classes sociales. Il existe toujours des rapports collectifs de domination, des inégalités entre groupes sociaux : même si les frontières entre les groupes sont moins nettes, les groupes existent toujours.
1. La bourgeoisie, une classe en soi et pour soi.
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot montrent que la grande bourgeoisie présente toujours des caractéristiques conformes à la définition marxiste de la classe sociale. Elle est à la fois classe en soi (importance de ses avoirs économiques, notamment en termes de patrimoine) et classe pour soi (forte conscience d'elle-même, fortes solidarités, importante capacité de mobilisation, forte homogamie). La bourgeoisie serait aujourd'hui la seule classe réellement mobilisée.
Exemple : Les rallyes sont des groupes informels, dont les membres sont sélectionnés par les mères de famille. Ils commencent dès l’âge de 10 ans par des sorties culturelles, pour se terminer par des grandes soirées dansantes. Ils permettent, à travers des activités (sorties culturelles, soirées dansantes), d’apprendre les comportements adéquats mais aussi de rencontrer les « bonnes » personnes. L’un des objectifs de ces rassemblements est en effet de permettre des rencontres affectives entre jeunes issus de la bourgeoisie pour favoriser l’entre-soi, notamment amoureux, et éviter les mésalliances. Cela permet de garder la perméabilité du groupe.
Cette vidéo est la première des six vidéos qui composent le documentaire. Tout est visionnable sur Dailymotion.
2. Les inégalités repartent à la hausse et les classes populaires conservent des conditions matérielles d'existences proches.
Comme nous l'avons vu précédemment, depuis 2004, il y a de nouveau une augmentation des inégalités. Par ailleurs, même si les inégalités étaient moins fortes, elles continuaient d'exister dans la période précédente.
Avec leurs salaires, conditions d’emploi et de travail, les ouvriers et employés non qualifiés constituent un segment de main-d’œuvre à part. les employés et les ouvriers non qualifiés ont en commun le fait d’être plus fréquemment en contrat court, à temps partiel ou en situation de sous-emploi que les autres salariés. Ces conditions d’emploi moins favorables expliquent une partie de l’écart de revenu salarial annuel (– 44 %) avec la moyenne des salariés. Cependant, il y a une faible conscience d'appartenir à la même classe chez les employés et ouvriers non-qualifiés. A conditions de vie égale, il y a des oppositions entre certaines sous-populations : les jeunes et les plus âgés, les hommes et les femmes, les immigrés et les non-immigrés.
Note : Une profession est définie comme qualifiée si son accès en début de carrière nécessite de posséder une spécialité de formation spécifique. Ex : groupe de professions d’employé clairement qualifié (les employés administratifs du public ou d’entreprise), un second groupe clairement non qualifié (les agents de service de la fonction publique, l’essentiel des personnels de service aux particuliers et les employés de libre-service du commerce) et un troisième groupe qui se situe à la frontière (les vendeurs du commerce, les coiffeurs et esthéticiens).
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Les chiffres du monde ouvrier en quiz
Espérance de vie, conditions de travail... Testez vos connaissances sur la vie des ouvriers d'aujourd'hui.
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Qui sont les ouvriers d'aujourd'hui ?
Lorsque Martin Thibault, sociologue du travail à l'université de Limoges, a entamé son enquête, Ouvriers malgré tout (Raison d'agir éditions, 2013),auprès des agents de maintenance de la RAT...
Les conditions d'emploi (contrat court, à temps partiel ou en situation de sous-emploi) des ouvriers et employés non-qualifiés, mais plus généralement les conditions de vie des classes populaires sont similaires. Les classes populaires peuvent être définies comme des classes dominées économiquement et culturellement (Olivier Schwartz). Notons que les conditions d'emploi participent à la baisse du sentiment d'appartenance (changent souvent de lieu de travail, difficulté à se syndiquer, difficulté à se mobiliser lorsque l'on est précaire, coût d'une journée de gréve).
Louis Chauvel, « Le retour des classes sociales », Revue de l'OFCE n°79, octobre 2001
Au départ, les PCS sont faites pour rendre compte des styles de vie selon les groupes sociaux, définis par leur profession. Cependant, les deux analyses ne sont pas opposées et peuvent même être complémentaires. On peut classer les CSP dans les trois classes :
-
Supérieures : chefs d’entreprises, cadres et professions intellectuelles supérieures ;
-
Moyennes : Artisans et commerçants, professions intermédiaires ; un salariat qui se situe entre ceux qui décident (les cadres supérieurs) et ceux qui exécutent (ouvriers et employés), avec une marge d’autonomie dans le travail.
-
Populaires : employés, ouvriers et agriculteurs exploitants
Si on prend les classes populaires (employés et ouvriers) elles représentent encore 50 % de la population active en 2012.
3. Le retour des classes sociales ?
D'après Chauvel, on peut parler d'un retour des classe sociales car il y a un regain de certaines inégalités suite à la période 65-80 mise en évidence par Mendras. Par ailleurs, Chauvel montre que les classes moyennes sont en crise actuellement. Il parle de “grand retournement” (après l'avènement des classes moyennes, leur crise, puis fragilisation). Les conditions de vie des classes moyennes se rapprochent des catégories populaires, il y a donc polarisation (conformément aux prévisions de Marx).
Louis Chauvel, « Le retour des classes sociales », Revue de l'OFCE n°79, octobre 2001
Lecture de la spirale : Il y a toujours un décalage entre inégalité et sentiment d'appartenance.
En 1830, « aliénation » : fortes inégalités, faible conscience de classe → développement de la conscience de classe (bassin miniers, grandes usines). Début 20ème, « lutte de classe » avec déclin des inégalités et fort sentiment d'appartenance. Dans les années 70', « victoire du prolétariat » : forte conscience de classe, mobilisation collective, « peu » d'inégalités (hausse fiscalité, redistribution : amélioration des conditions de vie ce qui permet d'éviter une révolution). Puis, 2000', « société sans classe » : de nouveaux des inégalités qui affaiblissent la mobilisation et le sentiment d'appartenance. Pour Chauvel, cela peut repartir, notamment du fait de l'augmentation des inégalités (dernière phrase du texte : « Objectivement visibles mais subjectivement désarticulées, les classes sociales sont porteuses d’un avenir plus ouvert qu’on ne le conçoit généralement. »).
Pour L. Chauvel, l’existence d’un décalage entre l’augmentation des inégalités sociales et leur traduction sous forme d’un sentiment d’identité collective est un processus historique. Le creusement de ces inégalités est facilité par l’affaiblissement de la conscience de classe, mais à terme, il crée les conditions d’une reprise de la « lutte des classes » à mesure que la perception des inégalités grandit.
Chauvel propose une définition des classes sociales qui se veut une synthèse entre Marx et Weber. Ce sont des catégories qui sont inégalement situées dans le système productif et marquées par une forte identité de classe, qui comporte trois dimensions : 1) temporelle (permanence dans le temps car faible mobilité, homogamie sociale) ; 2) culturelle (modes de vie communs) ; 3) collective (défense de ses intérêts dans la sphère politique). De ce point de vue, il n'y a pas disparition des classes sociales mais évolution de la conception théorie.
Synthèse récapitulative des différentes analyses de la structure sociales.
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Les classes sociales sont de retour !
Les classes sociales, enterrées trop vite, continuent de structurer la société française. Refuser de le voir conduit au ras-le-bol social et au vote extrême. L'analyse de Louis Maurin, directe...
https://www.inegalites.fr/Les-classes-sociales-sont-de-retour
Plusieurs éléments permettent donc de penser la permanence des classes sociales. La haute bourgeoisie peut revêtir les caractéristiques d'une classe sociale en soi et pour soi, tandis que de nouvelles formes de prolétariat seraient identifiables. Beaucoup d'analyste ont confondus « disparition » et « transformation des groupes sociaux. Une grande partie des employés de service travaillent et vivent dans les mêmes conditions que les ouvriers. Cependant, cela ne se traduit pas par un sentiment d'appartenance du fait de dissolution du collectif de travail ; ainsi que la prolifération des critères de distinction.