Qu'est ce que la globalisation financière ?
Cours d'économie approfondie EA de terminale économique et sociale ES.
Instabilité financière et régulation.
Qu'est-ce que la globalisation financière ?
Objectifs :
→ Savoir expliquer ce que sont les principaux marchés financiers (marché des changes et le marché des capitaux), leur rôle économique.
→ Savoir expliquer le rôle des différents acteurs sur ces marchés.
→ Savoir expliquer l’interdépendance sur ces différents marchés.
→ Savoir expliquer le rôle crucial de l’information pour le fonctionnement des marchés financiers.
→ Savoir expliquer le triple processus de désintermédiation, déréglementation et décloisonnement (les « 3 D », Henri Bourguinat), qui a conduit à la formation d’un marché mondial des capitaux.
Notions à connaître :
Acquis de première : asymétrie d’information, risque de crédit.
A acquérir en terminale : actif financier, marché monétaire, marché financiers, action, obligation, marché des changes, devise, financement direct / indirect, intermédiation financière, désintermédiation, taux d’intermédiation, déréglementation, décloisonnement, globalisation financière
Vous pouvez trouver ci-joint le dossier documentaire pour les élèves :
Introduction :
On voit souvent la finance comme responsable d’instabilité en économie : spéculation, crises…Mais la croissance serait impossible sans la finance. Lancer un projet, innover, développer une idée est impossible sans apport de capital.
Les agents économiques souhaitant financer un projet peuvent s’autofinancer : en utilisant ses propres ressources issus de son épargne, si ils sont à capacité de financement.
Si ils sont à besoin de financement,ils peuvent :
- Émettre des actions qui sont des titre de propriété donnant notamment droit à une rémunération, partie du bénéfice, appelée dividende
- Émettre des obligations qui sont des titre de dette assorti d’un taux d’intérêt émis sur le marché, sa rémunération est appelée coupon et dépend du taux d’intérêt. Un intérêt est la somme que doit verser, sous forme de revenus, un emprunteur à celui qui lui a prêté de l'argent. Le taux d'intérêt est le pourcentage de ce revenu annuel par rapport à la somme prêtée. L’intérêt est donc un coût pour l’emprunteur et un revenu pour le prêteur.
- Emprunter auprès des banques en contractant une dette assorti d’un taux d’intérêt émis par une banque.
Note : il existe également des formes hybrides d’obligation : qui sont convertibles en actions.
Un actif financier est un titre financier faisant partie du patrimoine de l’agent. C’est donc l’ensemble des moyens de paiement (monnaie, devises) et des titres de créance (actions, obligations, crédits). Ces actifs sont plus ou moins liquides, c‘est à dire peuvent être plus ou moins rapidement mobilisés et convertibles en moyen de paiement, et donnent à leur propriétaire un droit à un ou plusieurs paiements.
I] Les différents segments et acteurs des marchés financiers.
A) Les différents compartiments du marché des capitaux et leurs rôle.
Il faut distinguer différents segments de marchés qui ont des rôles différents, au sein du marché des capitaux. Tout ces marchés sont articulés entre eux, interdépendants et un déséquilibre sur un des marchés se transmet aux autres à travers la transmission des informations.
Le marché monétaire (ou marché des taux d’intérêts à court terme) comprend le marché interbancaire et le marché des titres de créance négociables. Le marché interbancaire, où interviennent les banques (de second rang) et la banque centrale, permet le refinancement des banques -en monnaie banque centrale- qui ont besoin de liquidités pour faire face aux retraits en billets, ou à leurs dettes vis-à-vis des autres banques suite aux opérations de paiement de leurs clients. Le marché des titres de créance négociables (sur lequel la valeur minimale du titre est de 150000€) permet à l’État, aux collectivités et aux grandes entreprises de placer à court terme.
Le marché financier au sens strict ou marché des capitaux à long terme comprend le marché primaire et le marché secondaire pour les actions, obligations, et produits hybrides. Le marché primaire permet d’obtenir des capitaux à long terme dans une logique de finance directe. Le marché secondaire offre quotidiennement la possibilité d’acquérir ou revendre ces titres pour assurer leur liquidité. Sur ce marché sont côtés les titres actifs financiers. La cotation est la formation du prix en continu (le « cours » d’un titre c’est à dire l’évolution de son prix).
Le marché des changes (Forex) sur lequel s’achètent et se vendent des devises, et de fixer le prix des monnaies les unes par rapport aux autres. Le cours des devises est coté en continu de manière électronique par des opérateurs (cambistes) dispersés dans le monde entier. Une devise est une unité monétaire acceptée par un pays étranger, tandis que la monnaie est celle de son pays. C'est sur le marché des changes que s'établit le taux de change (ou cours d'une devise) : c'est-à-dire le prix d’une monnaie par rapport à une monnaie étrangère (devise).
Enfin il existe le marché des matières premières (trois grandes familles : énergie, métaux, matières premières agricoles) où s’échange des matières premières.
B) Les acteurs des marchés financiers.
1. Les émetteurs.
Les entreprises : actions et obligations comme sources de financement, voir introduction.
Les États : obligations uniquement (ils n’ont pas de « capital ») : « OAT » obligations assimilables du trésor (7 à 50 ans), « BTAN »S bons du trésor à intérêts annuels (2 ou 5 ans), « BTF » bons du trésor à taux fixe (inférieur à 1 an).
Les banques qui peuvent émettre des titres pour le compte de leurs clients.
2. Les investisseurs.
On peut repérer quatre grandes familles.
Les grandes entreprises, qui vont entrer dans le capital d’autres sociétés ou acheter des obligations.
Les banques d’investissement qui servent d’intermédiaire pour des investisseurs.
Les ménages : plutôt dans les pays anglo-saxons, en France, ils investissent de manière indirecte grâce aux contrats d’assurance-vie et aux plans d’épargne d’entreprises.
Les différents fonds :
- Les investisseurs institutionnels (« zinzin ») : fonds de pension qui gèrent l’épargne retraite dans les pays à retraite par capitalisation privée et qui attendent une rentabilité élevée (acteurs majeurs avec 26000 milliards de $ de capitalisation), les Organisme de placement collectif en valeurs mobilières ( Société d'investissement à capital variable et Foncs communs de placement), les compagnies d’assurance.
- Les hedge funds, fonds moins importants mais stratégies de prise de risque élevé pour une rentabilité maximum.
- Les private equities, ils récoltent l’épargne d’investisseurs et d’institutions (pas d’épargne publique) et la place souvent sur des entreprises non cotées en bourse pour les faire démarrer (capital amorçage) ou pour financer des nouvelles technologies (capital risque).
- Les fonds souverains, appartiennent à des États qui ont des excédents budgétaires, Abou Dhabi Investment Authority.
C) Il existe des asymétries d’information sur les marchés des capitaux.
Les asymétrie d’information c’est lorsque l’un des partenaires de l'échange dispose d’informations pertinentes que d’autre n’ont pas. Sur les marchés financiers, l’asymétrie d’information est courante entre les différents agents.
Plus généralement, l’information a un rôle crucial sur les marchés financiers. L'information est une donnée essentielle de la théorie de l'efficience des marchés. Théoriquement, toute information est intégrée à la valeur du titre financier et la modifie donc en conséquence. Un marché est d'autant plus efficient que l'accès à l'information est libre pour tous et peu onéreux. Ceci explique le rôle des autorités de contrôle comme l'AMF en France.
C’est la maîtrise de l’information qui va expliquer les phénomènes d’achats et de vente d’actifs financiers, les comportements mimétiques (on fait comme les autres agents en pensant qu’ils ont une information que l’on ne détient pas) ainsi que l’existence de marché dérivés (qui visent à se protéger des aléas du marché, donc au manque d’information sur le futur). Afin de révéler l’information, il existe des agences de notation qui vont, par le biais des notes mises sur les actifs financiers, permettre de transmettre des informations aux prêteurs. Cette information permet de lutter contre le risque de crédit. Le risque de crédit : c'est le risque de report ou de non remboursement de l'échéance. Note : c'est en partie le résultat d’une situation d'asymétrie d'information car l'emprunteur dispose davantage d'informations sur lui-même et sur son projet que le prêteur. Une sous évaluation des risques peut avoir des conséquences néfaste sur l'économie car si un grand nombre d'agent se retrouve en incapacité de rembourser les prêts (insolvabilité) cela peut déboucher sur une crise bancaire. Il risque alors d'y avoir une crise de crédit (credit crunch), les banques ne souhaitant plus prêter aux agents économiques, ce qui va venir limiter les possibilités d'expansion économique (les banques ne prêtent plus).
II] Les 3D et la constitution d’un marché global des capitaux.
On appelle communément, suite au travaux d’Henri Bourguinat, les 3D le triple processus de déréglementation, décloisonnement et désintermédiation du système financier commencé à partir des années 80 et qui signent la naissance de la globalisation financière.
A) Le processus d’augmentation du financement direct et de la diversification des acteurs (désintermédiation bancaire).
L’intermédiation financière c’est lorsque l’épargne des agents économiques à capacité de financement est collectée par des intermédiaires, telles que les banques, qui la transmettent ensuite aux agents à besoin de financement. C’est donc un financement indirect. Le financement direct est le financement par le marché financier : il n’y a pas d’intermédiaire entre l’agent en capacité de financement et l’agent en besoin de financement.
La désintermédiation est le recours croissant des agents non financiers au marché financier pour couvrir leur besoin de financement, par émission d'actions ou d'obligations, au détriment des services bancaires. La désintermédiation bancaire se traduit donc par l’obtention des ressources financières sans passer par le crédit octroyé par les banques.
Pour rendre compte du processus de désintermédiation on peut se baser sur le taux d’intermédiation. Le taux d'intermédiation au sens strict (étroit) correspond à la part des seuls crédits octroyés par les intermédiaires financiers dans le total des financements des agents non financiers. Le taux d'intermédiation au sens large correspond à la part de ces crédits plus les titres émis par les entreprises (actions, obligations, titres de créances négociables) détenus par les institutions financières.
En France depuis le début des années 1980, l’économie de marché financier à peu à peu remplacé l’économie d’endettement. En finance directe, les demandeurs de financement émettent des titres et ne s’adressent plus aux banques pour obtenir un crédit. Ce mécanisme de désintermédiation bancaire s’accompagne d’une augmentation des acteurs qui accèdent directement aux marchés financiers (notamment les différents fonds vu en I) A)). Le rôle des banques a donc évolué : elles servent moins d'intermédiaire mais elle vont continuer à participer au financement de l'activité économique en intervenant sur les marchés des capitaux (notamment en achetant des actions et des obligations).
B) Une interdépendance croissante des marchés (décloisonnement).
Le décloisonnement est le processus de suppression des barrières entre les compartiments des marchés de capitaux, conduisant à une interdépendance des prix d’équilibre, tant au niveau domestique qu'international. Les investisseurs peuvent se procurer des titres très divers, rapidement et contre des titres de nature différente. Le décloisonnement rend les marchés interdépendants : à partir du moment où les titres s'échangent d'un marché à l'autre, les variations de cours, ou les chocs de nature diverse (par exemple : brusque remontée des taux directeur, faillite d’un intermédiaire financier, crise de change) sur un marché affectent nécessairement l'ensemble des marchés.
C) L’assouplissement et/ou la suppression des règles (déréglementation).
La déréglementation est l’assouplissement ou la suppression des règles encadrant les transactions financières (contrôle des changes, encadrement du crédit, fixation de taux d’intérêts réglementés, etc.). L’allègement des réglementations sur les marchés financiers renforce la concurrence entre les acteurs et permet la diffusion d’innovations financières, notamment grâce au progrès technique (NTIC), et l’augmentation des acteurs sur les marchés financiers. La déréglementation repose sur l’idée de l’efficacité des marchés.
Sur les marchés, les opérations peuvent se faire au comptant c’est-à-dire que la vente se réalise directement, ou à terme, c’est-à-dire que la vente se réaliser dans le futur. On nomme cela les produits dérivés : ils permettent de gérer le risque. Il y a trois grandes familles
- les contrats à terme de type forward et futures permettent se protéger contre les variations de prix de ce bien en fixant aujourd’hui le prix,
- et les contrats d'option permettent de se protéger contre une hausse du prix en payant une prime,
- les swaps permettent d’échanger des titres de dettes différents.
La titrisation consiste à transférer à des investisseurs des actifs financiers dans un portefeuille regroupant différentes créances avec des risques divers à travers le passage de l’entité juridique une société créée pour l’occasion (ad hoc), en titres financiers émis sur le marché des capitaux. Les titres (obligations, billets de trésorerie...) représentent chacun une fraction du portefeuille d’actifs titrisées. L’intérêt est de diversifier le risque en le diminuant à priori : le portefeuille titrisé a un risque moyen faible. Mais on perd aussi en lisibilité et traçabilité des créances ce qui peut être problématique lors d’un retournement du marché financier.
▲ Passage de 12 minutes à 24 minutes du documentaire L’urgence de ralentir.
Les transactions à haute fréquence, ou trading haute fréquence (THF ou HFT, de l'anglais high-frequency trading), sont l'exécution à grande vitesse d’achat et de vente d’actifs financiers effectués par des algorithmes informatiques. C'est une des catégories du « trading automatique » (basé sur la décision statistique), qui gère de plus en plus de transaction le le marché des capitaux. Cela pose problème en terme de régulation et accélère la vitesse des transactions.
Ces trois processus : désintermédiation, décloisonnement et déréglementation (« 3D ») permettent d’expliquer le processus de globalisation financière c’est à dire le développement, à l’échelle mondiale, des marchés de capitaux (interconnexion des différentes places financières, fonctionnement en continu 24 heures sur 24, forte progression des flux financiers notamment).