Quelles sont les principales défaillances de marché ?
Spécialité sciences économiques et sociales SES en classe de première.
Quelles sont les principales défaillances de marché?
Objectifs :
- Comprendre que le marché est défaillant en présence d’externalités, positives et négatives, et être capable de l’illustrer par un exemple (notamment celui de la pollution).
- Comprendre que le marché est défaillant en présence de biens communs et de biens collectifs et être capable de l’illustrer par des exemples.
- Connaître les deux principales formes d’information asymétrique, la sélection adverse et l’aléa moral, et être capable de les illustrer par des exemples (notamment celui des voitures d’occasion pour la sélection adverse et de l’assurance pour l’aléa moral).
- Comprendre que la sélection adverse peut mener à l’absence d’équilibre.
- Être capable d’illustrer l’intervention des pouvoirs publics face à ces différentes défaillances.
Notions à connaître : défaillance de marché; asymétrie d’information; sélection adverse (anti-sélection); aléa moral; rivalité / non-rivalité; excluabilité / non-excluabilité; biens communs; tragédie des communs; biens collectifs; passager clandestin « free rider »; externalité; internaliser les externalités.
Questionnements du chapitre :
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Que se passe-t-il lorsque l'information sur le marché est imparfaite ?
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Que se passe-t-il lorsque le marché est inefficace pour produire un bien ou un service ?
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Comment agir sur ce que le marché ne prend pas en compte ?
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Quelles solutions permettent de remédier aux défaillances de marché ?
Une défaillance de marché est lorsque le marché n’est pas efficace puisqu’il n’aboutit pas à la meilleure situation dans la distribution des ressources. Les pouvoirs publics peuvent intervenir pour pallier ou corriger ces défaillances.
I] Une situation d’asymétrie d’information peut conduire à une absence d’échange pour certains produits ou à une modification du comportement de l’agent économique après l’échange.
Dans une situation d'asymétrie d'information, l'un des partenaires de l'échange dispose de plus d'information que l'autre. Il existe deux types d'asymétrie d'information : la sélection adverse a lieu avant l’échange et l'aléa-moral a lieu après l’échange.
A) La sélection adverse conduit à une diminution voire une absence d’échange.
La sélection adverse est lorsqu’un agent ignore une information importante sur la qualité d’un bien ou d’un service qui fait l’objet d’un échange. Quand une partie de l’échange dispose d’informations sur le produit que l’autre n’a pas, ce dernier, compte tenu de l’incertitude sur la qualité du produit va demander un prix plus bas. Les vendeurs qui vendent des produits de bonnes qualités se retirent du marché. À terme, ne reste plus sur le marché que les produits de mauvaise qualité. Le manque d’information sur la qualité du produit échangé peut empêcher certains marchés de fonctionner de manière efficace, voire les faire disparaître. En effet, sur un marché à information parfaite la baisse du prix entraîne une augmentation de la demande et une diminution de l’offre. Au contraire en cas d’information asymétrique, la baisse du prix peut être perçue comme un signal de la baisse de la valeur du produit donc amener à une baisse de la demande. Lorsque la qualité des produits échangés sur le marché se dégrade fortement, par exemples si les voitures vendues sont dangereuses, les assurances vendues ne couvrent pas bien le risque, le marché peut disparaître à terme.
Pour dévoiler l’information cachée les pouvoirs publics peuvent réglementer le marché par exemple en obligeant de donner la composition des produits alimentaires, la traçabilité de la viande, contrôle technique obligatoire, les normes (ex. CE) suivies (jouets enfants, casques de moto etc.).
B) L'aléa moral peut conduire à une modification du comportement après l’échange.
Dans le cas de l'aléa-moral, l'asymétrie d'information a lieu après la transaction. L’aléa moral désigne la possibilité qu’un agent puisse modifier son comportement dès lors qu’il sait qu’il n’en subira pas les conséquences. Par exemple, lorsque l'on signe un contrat de travail : on ne sait pas si le salarié va effectivement produire ce travail. On retrouve le problème de l’aléa moral dans la relation assureur/assuré. L’assuré peut prendre davantage de risques ou consommer davantage de services car il sera remboursé par son assurance.
Par exemple, dans le cas de l’assurance maladie l’assuré peut consommer plus de médicament que nécessaire ou ne pas prendre soin de sa santé. Pour limiter l'aléa-moral dans le cadre de l’assurance maladie, l’assureur peut alors décider de ne rembourser qu’une partie des soins médicaux (par exemple avec une franchise ou un ticket modérateur) : ainsi, même si la personne est assurée, elle doit payer une somme d'argent si le risque se réalise. Cela viendrait décourager la prise de risque excessive. Par ailleurs, l’assurance peut inciter à un comportement vertueux en diminuant la cotisation de l’assurance pour les assurés adoptant des comportements de prévention.
II] Le marché est inefficace en présence de biens collectifs et de biens communs.
A) La typologie des différents biens.
La non-excluabilité signifie qu’il est impossible d’exclure de l’utilisation du bien ou du service ceux qui ne paient pas. La non-rivalité signifie que la consommation par un agent économique n’en prive pas les autres. Un bien collectif c’est lorsqu’il y a non rivalité et non exclusion (défense nationale, éclairage public, barrage, pont, police) : on ne peut exclure ceux qui n’ont pas payé et la consommation des uns n’empêche pas celle des autres. Un biens communs c’est lorsqu’il il y a rivalité et non exclusion (eau de source, fruits sauvages, forêts, animaux sauvages, poissons dans la mer et la rivière) : on ne peut exclure ceux qui n'ont pas payé mais la consommation des uns empêche ou limite celle des autres.
B) La production des biens collectifs et le problème du passager clandestin.
Un passager clandestin est quelqu’un qui cherche à profiter d’un bien ou un service sans en payer le prix. Par exemple, quelqu'un qui ne veut pas payer d'impôts (fraude ou évasion fiscale) mais qui souhaite bénéficier des services publics. Les biens collectifs peuvent ne pas être produit à cause de comportement de passager clandestin. En effet, les biens collectifs, comme un feu d’artifice, peuvent profiter à tout le monde même à ceux qui ne les financent pas. Ce sont des biens non exclusifs et non rivaux. Dans ces conditions, une entreprise privée n’organisera pas le feu d’artifice, par exemple, car elle ne peut pas forcer les agents économiques à payer. Dans cette situation, le feu d’artifice n’aura pas lieu. L’intervention publique est alors justifié car les habitants souhaitent assister au feu d’artifice. La mairie et plus généralement L'Etat dans le cadre des biens collectifs peut financer l’activité socialement utile en faisant contribuer tous les habitants via l’impôt. Il est aussi possible que l'État organise lui-même l’activité.
Le marché est défaillant pour la production des biens collectifs (activité non rentable car non exclusion par les prix). L'État peut en assurer le financement, en prélevant un impôt, voire la production. (Attention de ne pas confondre biens collectifs et biens fournis par les autorités publiques.)
C) Les biens communs et le risque de leur disparition (« tragédie des communs »).
Les biens communs sont non excluables mais rivaux. Il n'est donc pas possible d'empêcher les individus de consommer/prélever ce bien par un mécanisme de prix. Ces biens sont surexploités, ce qui peut amener à un épuisement de la ressource. C'est la « tragédie des communs ». Là encore, l'État peut intervenir en fixant des quotas, c’est-à-dire une quantité fixe à prélever, ou en attribuant des droits de propriété ou des permis d’usage de la ressource (permis de pêche, de chasse etc.) ce qui revient à faire payer le prix à l’accès à la ressource.
III] Le fonctionnement du marché conduit à une sur-production d’externalité négative et une sous-production d’externalité positive par rapport au bien-être collectif.
A) Une externalité est une conséquence de l’activité économique hors marché.
Une externalité désigne une situation dans laquelle un agent économique entreprend une action qui affecte directement d’autres agents économiques sans passer par une compensation marchandes. L’externalité est négative quand les agents affectés voient diminuer leur bien-être, positive lorsque les agents économiques voient augmenter leur bien-être. On peut voir que le marché ne prend pas en compte les conséquences négatives ou positives. Lorsque les effets externes sont négatifs, comme la pollution, la production est supérieur à ce que désirerai la collectivité car les coûts liés à la pollution (dé-pollution, maladies comme le cancer, irrespirabilité de l'air etc...) ne sont pas pris en compte. De même, en présence d'effet externes positifs, la production est inférieur à ce qui serait bénéfique pour la société car les producteurs n'en retirent pas directement les bénéfices. Les pouvoirs publics vont chercher à internaliser les externalités, c'est-à-dire, réintroduire l'externalité dans le calcul économique des agents, à travers des signaux de prix. Les agents supportent alors le coût ou les bénéfice de l'effet externe.
B) Les moyens pour inciter les agents économiques à prendre en compte les externalités.
1. Diminuer les externalités négatives.
Le changement climatique est un phénomène global auquel tout le monde participe en émettant des gaz à effet de serre. Or l’émission de GES n’est pas prise en compte par le marché, il n’existe pas d’incitations au niveau des prix pour en émettre moins. C’est donc une externalité négative qui a des répercussions globales, mais aussi et surtout sur les générations futures. Pour diminuer ces externalités négative l'Etat peut mettre un prix sur l’émission de GES, en instaurant soit une taxe soit un marché de permis. Les autorités peuvent aussi encourager les innovations « vertes » par des incitations publiques.
2. Augmenter la production d’externalités positives.
La vaccination contre la grippe est une externalité positive dans la mesure où, si un individu se vaccine, il ne risque pas d’avoir la grippe et donc de contaminer d’autres personnes. Plus grande est la proportion de la population vacciné, plus large est la couverture du vaccin, moins le risque d’être contaminé pour les autres est important. Pour augmenter la production d'externalités positives, les autorités publiques peuvent prendre en charge le coût de financement de la recherche et développement, des dépenses d'éducation, etc. Tout ce qui améliore les performances économiques voire le bien-être des individus (si on considère que cela les rends plus productifs). La mise en place de subvention, c’est-à-dire d’aide des pouvoirs publics ou d'incitation financière pour que les agents économiques agissent dans le sens de ce qui est bénéfique pour la société, est également un levier permettant l'augmentation de la production d'externalités positives.