Comment les agents économiques se financent-ils ?

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Spécialité sciences économiques et sociales SES en classe de première.

Comment les agents économiques se financent-ils ?

Objectifs :

- Comprendre que le financement consiste à couvrir des besoins de financement par des capacités de financement.

- Comprendre que le taux d’intérêt – à la fois la rémunération du prêteur et le coût du crédit pour l’emprunteur – est le prix sur le marché des fonds prêtables.

- Savoir que le revenu disponible des ménages se répartit entre consommation et épargne et qu’ils peuvent dégager des besoins ou des capacités de financement.

- Savoir ce qu’est l’excédent brut d’exploitation et comprendre que les entreprises se financent par autofinancement et financement externe (emprunts bancaires et recours au marché financier, en particulier actions et obligations).

- Savoir que le solde budgétaire résulte de la différence entre les recettes (fiscales et non fiscales) et les dépenses de l’État ; comprendre que le déficit budgétaire est financé par l’emprunt et savoir qu’une politique de dépenses publiques peut avoir des effets contradictoires sur l’activité (relance de la demande / effet d’éviction).

Notions à connaître : besoin de financement, capacité de financement, revenu disponible, ménages, consommation, épargne, excédent brut d’exploitation (EBE), autofinancement, financement externe, taux d’intérêt, marché des fonds prêtables, actions, obligations, recettes de l’État, dépenses de l’État, déficit budgétaire, dette publique, politique de relance par la dépense publique, relance de la demande, effet d’éviction.

Questionnement :

  • Comment les agents économiques peuvent financer leurs projets ?
  • Quels sont les acteurs qui participent au financement de l’activité économique ?
  • Qu’est-ce qui pousse les agents économiques à prêter à d’autres agents économiques ?
  • Comment les dépenses de l’État influent sur l’activité économique ?

I] Les agents économiques peuvent avoir recours à différentes sources de financement de leurs projets.

Qu'entend-on par agent économique ? On distingue quatre principaux agents économiques :

- les entreprises ou société non financière (leur rôle est la production de biens & services),

- les ménages, qui sont l’ensemble des habitants d’un même logement (leur rôle est de consommer, épargner et travailler),

- les administrations publiques ou les associations (leur rôle est la production de services et pour l’État, dans une certaine mesure, régulation de l'économie),

- Les banques ou société financière (leur rôle est le financement de l’économie).

Le financement c'est l'opération par laquelle un agent économique se procure les ressources monétaires nécessaires à la poursuite de ses projets économiques.

A) Le choix de financement dépend de sa situation financière.

Si vos ressources (vos revenus et votre patrimoine) sont supérieur à vos emplois (dépenses), vous avez une capacité de financement. L'épargne est la part du revenu qui n'est pas consommée. Vous aurez un besoin de financement si les ressources sont inférieurs à vos emplois. C'est la même chose pour tout les agents économiques.

Le choix de financement va donc dépendre de la situation financière de l’agent économique.

Comment les agents économiques se financent-ils ?

Isabelle Wacquet (dir), Sciences économiques et sociales, Magnard, 2019

Les sociétés non financières (entreprises) et les administrations publiques dégagent structurellement un besoin de financement. Les sociétés financières (banques) et les ménages dégagent structurellement une capacité de financement. La France a un besoin de financement de 12,8 milliards d'euro qui est égale au besoin de financement de la « Nation », c’est-à-dire des agents économiques de la Nation. C’est le reste du monde qui finance ce besoin de financement (c’est-à-dire des agents économiques non français).

Le rôle du système financier est de faire se rencontrer les agents en capacité de financement avec ceux qui sont en besoin de financement. Le système financier va permettre de financer l'économie, c'est-à-dire de permettre aux agents en besoin de financement de financer leur projet économique.

B) Le circuit de financement et le marché des fonds prêtables.

1. Le taux d'intérêt est à la fois un coût et un revenu.

Le taux d'intérêt est, dans une opération de crédit, la rémunération du préteur en échange de son service de prêt, et donc le coût du crédit pour l'emprunteur. 

2. Le taux d’intérêt se fixe sur le marché des fonds prétables.

On peut représenter la fixation du taux d’intérêt sur le marché des fonds prétables à l’aide d’une représentation graphique. Le marché des fonds prétables est le lieu virtuel où se rencontrent les agents en besoin de financement (la demande) qui viennent chercher des fonds et les agents à capacité de financements (l’offre) qui viennent prêter des fonds grâce à leur épargne.

Le marché des fonds prétables :

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L’offre de capital augmente lorsque le taux d’intérêt car les agents économiques cherchent à épargner davantage pour profiter d’une rémunération de leurs épargnes plus importante. La demande de capital (et donc d’emprunt) a tendance à croître lorsque le taux d’intérêt diminue car le coût de l’emprunt est moins important pour les débiteurs. Le point d’équilibre représente une situation de prix sur le marché des fonds prêtables où la quantité de capital épargnée mis à disposition sur le marché est entièrement emprunté par les débiteurs. C’est donc le taux d’intérêt (qui est un prix : prix -donc coût- de l’emprunt pour l’emprunteur et prix -donc revenu- pour le prêteur. Il y a égalité entre les quantités offerte et demandée de capital.

Le marché des fonds prétables :

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Isabelle Wacquet (dir), Sciences économiques et sociales, Magnard, 2019

II] Les agents économiques ont recours à différents modes de financement selon leur situation financière.

A) Le revenu disponible des ménages et l’excédent brut d’exploitation des entreprises vont déterminer leur possibilités de financement.

1. Le revenu disponible des ménages.

La redistribution est le mécanisme qui modifie la répartition primaire des revenus par deux opérations : le prélèvement d’impôts et de cotisations sociales et l’octroi de prestations sociales (ou revenus de transfert), ce qui donne lieu au revenu disponible. Les prélèvements obligatoires : ce sont les impôts et cotisations sociales prélevées par les administrations publiques sur les revenus primaires des agents. Ils comprennent :

  • Impôts sont des prélèvement financier sur les ressources des personnes physiques ou morales, servant à couvrir les dépenses de l'État ou des collectivités locales. Ils sont prélevés par l’État (ex impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés)

  • Les cotisations sociales sont des prélèvement sur le salaire super-brut (rémunération du travail). Elles sont prélevés par la Sécurité sociale (cotisations pour la retraite, santé, maladie). Elles sont payées par les salariés et les employeurs.

Les prélèvements obligatoires servent ensuite à financer des prestations sociales (allocations familiales, retraite, assurance chômage, RSA …). Ces prestations constituent des revenus de transferts qui viennent s’ajouter aux revenus primaires des ménages. Les revenus de transferts sont versés aux ménages par l’État ou la sécurité sociale pour couvrir certains risques sociaux, réduire les inégalités. Ces revenus sont perçus par les ménages sans contribution directe à la production.

A partir de cela, on obtient le revenu disponible : ce revenu disponible est le revenu après opération de redistribution et qui va être consommé ou épargné. Il est égale aux revenus primaires - prélèvements obligatoires + prestations sociales.

L'épargne est la part du revenu qui n'est pas consommée. La consommation est la part du revenue qui est utilisée pour satisfaire ses besoins.

Des revenus primaires à l'épargne des ménages

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2. L’excédent brut d’exploitation des entreprises.

Pour les entreprises, les capacités de financement dépendent de la partie des bénéfices qu’elles mettent en réserve. L’excédent brut d’exploitation est la différence entre les produits de l’exploitation (c’est-à-dire le chiffre d’affaire) et les charges d’exploitation (c’est-à-dire l’ensemble des coûts liés à la production). C’est ce qui reste à l’entreprise pour rémunérer les porteurs de capitaux et investir.

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Isabelle Wacquet (dir), Sciences économiques et sociales, Magnard, 2019

B) Une capacité de financement permet le financement interne.

Le financement interne, ou autofinancement, c'est quand un agent économique finance ses projets économiques en utilisant l'épargne qu'il a accumulé.

Pour les ménages, cela va dépendre de leur épargne et de l’accumulation de cette épargne dans le temps.

Pour une entreprise, cela dépend des bénéfices qu'elle réalise et la manière dont elle l'utilise. Rappel du partage de la VA : paiement des impôts, des salariés et il restait ce qu'on avait appelé le profit ou l'EBE.

Cet EBE se partage entre les impôts sur les bénéfices, remboursement des prêts. Puis l'entreprise peut utiliser son profit de deux manières :

  • le distribuer aux actionnaires (dividendes) et/ou

  • l'épargner pour financer ses investissements futurs.

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Isabelle Wacquet (dir), Sciences économiques et sociales, Magnard, 2019

L'autofinancement pour les entreprises c'est donc une partie des bénéfices qui ne sont pas distribués aux actionnaires. L'autofinancement est avantageux car il n'y a pas de charge financière. Cependant, les projets peuvent être trop coûteux pour être autofinancés. De plus, l'autofinancement réduit les bénéfices aux actionnaires (arbitrage dividende / autofinancement).

C) Un besoin de financement nécessite le financement externe.

Le principe du financement externe est de mettre en relation les agents économiques ayant des besoins de financement avec ceux qui ont des capacités de financement : les agents économiques avec des besoins de financement vont emprunter les fonds aux agents économiques ayant des besoins de financement. On parle de financement externe car les agents économiques vont aller chercher les fonds à l’extérieur de leurs propres ressources, auprès d’autres agents économiques .

Il y a donc deux modalités possible de mise en relation entre les agents à besoin de financement et les besoins à capacité de financement : le financement externe direct : on va passer par le marché des capitaux et le financement externe indirect : on va passer par des intermédiaires entre les prêteurs et les emprunteurs.

1. Le financement externe indirect (intermédié).

Dans le cas du financement indirect, le lien entre agents à besoins de financement et ceux à capacités de financement se fait par un intermédiaire (banques et autres établissements de crédits). C'est pourquoi on appelle également ce mode de financement « le financement intermédié » (= avec un intermédiaire : principalement les banques). Le financement intermédié permet un financement de l'économie accessible à tous les agents économiques (par exemple les petites entreprises ou les ménages qui souhaitent emprunter pour acheter leur logement). Mais, il y a aussi des inconvénients : dépendance vis-à-vis des institutions financières ; possibilité d'endettement du fait du coût du crédit : intérêts à payer.

Là, c'est un financement qui se base sur une épargne préexistante. Les banques peuvent aussi octroyer des crédits à l’aide de la création monétaire (voir chapitre précédent), la majorité du financement par emprunt se fait par la création monétaire.

2. Le financement externe direct (désintermédié) pour les entreprises.

Les actions sont des titres de propriété représentant une part du « capital social » d'une entreprise. Les dividendes sont la rémunération des actions. La rémunération est variable : elle dépend de la politique de distribution du profit de l'entreprise et des profits réalisés. Risque pour l’acquéreur de l’action : le titre peut perdre de sa valeur. Pour l'entrepris, elle ne s'endette pas mais elle cède une partie de son entreprise. Mais, problème de gestion de l'entreprise car les parts sociales du capital ouvre à des droits de vote.

Les obligations sont des titres de créance représentant une part d'une emprunt effectué par une entreprise ou un État. La rémunération de l'obligation est appelé intérêt : le taux d'intérêt et la durée de l'obligation sont fixées à l'avance. Seul risque : celui de la faillite de l'émetteur. Par ailleurs, l'entreprise qui émet l’action s'endette. Le risque de perte pour l'action est plus élevé que le risque de l'obligation.

Le marché primaire est le marché où il y a une émission de titre à un certain prix de vente. C'est là où les titres financiers sont émis pour la première fois. Le marché secondaire est le marché où s'échangent les titres entre les investisseurs. Là, le prix dépend du jeu de l'offre et de la demande. C'est la bourse au sens strict.

La bourse est un marché réglementé pour que les investisseurs puissent prendre des décisions en toute transparence. La majorité des entreprises n'ont pas accès au marché d'émission des titres du fait des coûts administratifs et financiers trop élevés. Les PME vont donc se tourner vers le financement externe intermédié.

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III] Le budget de l’État peut agir sur l’activité économique.

A) Le budget de l’État : dette, déficit publics, recettes et dépenses de l’État.

Tous les ans, les Ministères de l’économie et des finances préparent un « projet de lois de finances » qui est soumis à l’Assemblée nationale et au Sénat à l’automne. Le Parlement peut alors proposer des modifications avant d’adopter une loi de finances définitive qui sera signée par le Président de la République et publiée au Journal officiel avant la fin de l’année. Chaque administration publique (APU) dispose de son budget. Le Budget de l'État est un document retraçant l’ensemble des recettes et des dépenses de l'État central pour une année civile (du 01/01 au 31/12). Le Budgets publics : regroupent l’ensemble des recettes et des dépenses des administrations publiques (administrations centrales, administrations des différentes collectivités territoriales et administrations de Sécurité Sociale) sur une période considérée (appelée exercice).

Les principales recettes de l'Etat

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Les deux grandes sources de recettes publiques sont :

  • la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui représente la moitié des recettes de l’État.

  • l’impôt sur le revenu qui représente un quart des recettes de l’État.

On remarque que les recettes non fiscales, celles qui ne proviennent pas des prélèvements obligatoires (amendes payées par les citoyens par exemple) représentent moins de 5 % des recettes de l’État.

Les principales dépenses de l’État

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Les trois principales missions de l'Etat en part des dépenses totales sont l’éducation qui compte pour prés de 22 % des dépenses, la défense (13%) et l’enseignement supérieur et la recherche (8%).

Le déficit public est le besoin de financement des administrations publiques (administrations centrales, administrations des différentes collectivités territoriales et administrations de Sécurité Sociale). Le déficit budgétaire ne concerne que le déficit de l’État central.

Le déficit public :

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lafinancepourtous.com

La dette publique est accumulation des déficits publics au cours des années.

La dette publique

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B) Les effets d’une politique de relance par la dépense publique.

1. La dépense publique permet une relance de la demande

La politique de relance par la dépense publique cherche à stimuler la croissance par la demande en augmentant les dépenses publiques pour accroître l’activité des entreprises et la consommation des ménages. La demande peut aussi être stimulée par une réduction des impôts. Ce déséquilibre entre recettes et dépenses accroît à court terme la dette publique. Si on augmente les dépenses publiques, cela permet de « distribuer » des revenus à des agents économiques (ménages, par les prestations ; ou le travail comme les fonctionnaires ; entreprise par les travaux effectué, la construction des infrastructures). Cela a un effet multiplicateur : la variation du montant d’une dépense peut avoir un effet multiplicateur, par l'intermédiaire d'entraînement successif, sur le revenu national ou l’activité économique générale. L'effet final est supérieur à la variation initiale.

Une hausse des dépenses publiques apparaît comme un levier plus efficace que la baisse d'impôt car il y a des fuites dans la baisse d'impôt. La baisse d'impôt provoque une hausse du revenu disponible : on peut en épargner une partie, ou utiliser l'accroissement de revenu dans des produits étrangers (importation).

Toute décision sur le montant ou la structure des dépenses budgétaires et plus généralement des dépenses publiques a un effet direct sur l’activité en raison du poids de l'État dans l’activité économique. Par ses commandes, l'État peut stimuler (ou freiner) la production. Par ses décisions d’embaucher (ou de ne pas embaucher) des fonctionnaires, il contribue (ou non) à réduire le chômage.

Les pouvoirs publics peuvent agir sur le revenu disponible des ménages et influencer la consommation, par l’allègement (ou l’alourdissement) des impôts, par la hausse (ou la baisse) des revenus sociaux. Ils peuvent aussi stimuler (ou freiner) l’investissement des entreprises par des mesures fiscales.

Ainsi, un déficit budgétaire permet d’augmenter la demande globale de l’économie et de stimuler la croissance, alors que l’excédent budgétaire contribue au ralentissement de la croissance.

Par ailleurs Le budget de l'État stabilise spontanément l’activité économique : c’est ce que les économistes appellent le mécanisme des stabilisateurs automatiques. Quand la croissance est faible, les dépenses augmentent (indemnisation du chômage par exemple) et les recettes fiscales rentrent moins bien (le budget de l’État est en déficit), tandis que quand la croissance est forte, les dépenses baissent et les recettes augmentent (le budget devient excédentaire). Récession : hausse des dépenses et baisse des recettes → cela « creuse » le déficit public mais a un effet sur la relance économique.

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2. Le besoin de financement de l’État peut créer un effet d’éviction.

Le recours à l’emprunt peut conduire à une contraction des dépenses privées des ménages. En effet, les ménages, percevant l’augmentation de l’endettement de l’État, anticipe une hausse d’impôts pour pouvoir couvrir le remboursement de ses emprunts. Cela correspond à l’effet d’éviction direct.

L’augmentation du déficit public peut renchérir le coût du financement de l’investissement des entreprises. En effet, lorsque l’État est en situation de déficits, il le comble en empruntant des capitaux sur le marché des capitaux. Cette opération génère ainsi un choc de demande positif sur le marché des fonds prêtables ce qui augmente les taux d’intérêts pour l’ensemble des acteurs en demande de capitaux sur ce marché comme les entreprises par exemple.

L’effet d’éviction c’est lorsque la hausse des dépenses publiques se fait au détriment des entreprises (quand les emprunts de la puissance publique augmentent le taux d’intérêt sur le marché des fonds prétables) et des ménages (hausse de l’épargne en prévision de futures hausses d’impôt afin de combler le déficit et la dette publique).

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